Financing Health in Africa - Le blog
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Systèmes de santé et fragilité en Afrique Francophone

4/19/2019

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Aloys Zongo, Joël Arthur Kiendrébéogo, Willem van de Put, Bruno Meessen (au nom du groupe de travail "Santé & Fragilité")
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Une détérioration inquiétante de la situation sécuritaire est en cours dans plusieurs pays d’Afrique Francophone. D’autres pays sont coincés depuis plusieurs années dans une situation d’instabilité. Le nombre de contextes dits ‘fragiles’ s’élargit.  Un groupe de travail a été mis en place sur Collectivity pour réfléchir à la question et proposer des activités qui contribueraient à y faire face. Ses membres nous appellent à l’action. Dans ce billet de blog, ils vous présentent leur initiative. 
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 Le concept de fragilité fait référence à une situation où la structure de l’Etat manque de la volonté politique et/ou de la capacité de prester pour les populations les fonctions de base requises pour réduire la pauvreté, impulser développement et assurer la sécurité et les droits de l’homme. Dans son dernier rapport « Africa’s pulse » (aussi disponible en français), la Banque Mondiale rappelle que l’Afrique est particulièrement concernée : 53% des contextes fragiles dans le monde se trouvent en Afrique subsaharienne. Et parmi ces derniers, on retrouvera presque tous les pays de l’Afrique Francophone.

A la suite des exactions commises par différents groupes terroristes, l’insécurité est grandissante dans la région du Sahel (comme au Burkina Faso, au Mali et au Niger) et autour du Lac Tchad. Depuis quelques temps, de façon encore plus inquiétante, la violence intercommunautaire s’est accrue. Le Burkina Faso et le Mali ont été particulièrement touchés par cette situation ces dernières semaines. 

Les liens entre insécurité et situations sanitaires sont nombreux. La combinaison « épidémie et conflit » est particulièrement menaçante, comme le montre l'épidémie de la maladie à virus Ebola (MVE) qui sévit dans le Nord-Kivu depuis août 2018 et où 751 décès y ont déjà été enregistrés. La riposte à cette épidémie est particulièrement compliquée du fait de l'insécurité, de l’instabilité politique, des faiblesses du système de santé et la méfiance de la population. Au-delà de la MVE, c’est tout le système de santé qui est menacé. Les conséquences seront tragiques pour la population. Elles le sont aussi pour le personnel de santé, comme en témoigne le meurtre du Dr Richard Mouzoko Kiboung de l'OMS ce week-end à Butembo.

Par pudeur, n’aurions-nous pas des réticences à appeler les choses par leur nom ? Engagés que nous sommes dans différentes initiatives de développement (comme par exemple la Couverture Sanitaire Universelle), ne sommes-nous pas en train de faire abstraction des dynamiques de fragilisation en œuvre dans nos pays ?

Systèmes de santé et fragilité

Il existe une riche littérature sur les systèmes de santé dans les contextes fragiles et affectés par les conflits. Malheureusement, le monde francophone reste généralement absent du débat. Comme nous l’avons mis en évidence dans notre note conceptuelle, les acteurs nationaux et internationaux engagés dans le développement des systèmes de santé en Afrique Francophone sont relativement silencieux sur la question. La grille d’analyse de l’état fragile a été très peu appliquée par les chercheurs à l’Afrique Francophone et aux pays du Sahel en particulier. Notre analyse est que ce manque d’attention qui se double d’un manque de connaissances scientifiques met en péril notre action collective et pourrait compromettre l’atteinte des objectifs de développement durable. Il existe un énorme besoin d’analyses empiriques pertinentes pour conduire l’action dans nos pays de la région sahélienne ou d’Afrique Centrale.

Tous les piliers du système de santé sont susceptibles d’être négativement affectés par la fragilisation en cours, avec pour conséquence une désorganisation de nos systèmes de santé déjà en souffrance. Evoquons juste quelques défis :

1. L’incapacité de fournir des services de santé à une grande partie de la population : en exemple, du fait de l’insécurité, les stratégies avancées pour la vaccination ne sont pas réalisées d’où un risque de survenue d’épidémies. A cela s’ajoute la fermeture de nombreux centres de santé, l’abandon de postes par certains agents de santé, l’inaccessibilité, pour les intervenants humanitaires, de certains sites de réfugiés.

2. La défaillance du système de référence/contre référence. Au Burkina Faso par exemple, des ambulances ont été la cible des terroristes, ce qui a empêché des évacuations dans certaines localités. En outre, se déplacer même d’une localité à une autre n’est pas sans danger, comme l’illustre (même si ça reste un cas isolé) le sort d'une femme enceinte et de son accompagnant qui ont trouvé la mort, du fait d’attaques terroristes, alors qu’ils se rendaient dans un centre de santé pour y accoucher.

3. Le manque ou l’insuffisance de ressources financières, d’infrastructures, d’équipements, de ressources humaines, de médicaments et autres produits de santé pour des prestations de services de santé de qualité. En effet, l’insécurité entraine, d’une part, une réallocation des budgets publics pour renforcer la sécurité, d’autre part, une réduction de la croissance économique. En Guinée, par exemple, l’épidémie de la MVE a entrainé une réduction de la croissance économique (celle-ci a été de 0,5 % en 2014 contre une prévision de 4,5% selon la Banque Mondiale). Quant au Burkina Faso, le budget national alloué au ministère de la Santé est passé de 12,81% du budget total en 2014 à 10,70% en 2018. Cela a entraîné une réduction des investissements dans le système de santé.

4. La défaillance de la chaîne d’approvisionnement des médicaments et autres produits de santé. L’insécurité affecte négativement la chaîne d’approvisionnement en médicaments et autres produits de santé qui était déjà très fragile. En effet, du fait de l’inaccessibilité de certaines localités dû à l’insécurité, l’approvisionnement est interrompu ou réalisé en retard. Ce qui occasionne des ruptures prolongées avec pour corollaire une morbidité et une mortalité très élevées des maladies.

5. La défaillance des systèmes d’information sanitaire. Du fait par exemple des déplacements difficiles pour transmettre les données et de la fermeture de certaines formations sanitaires, les données de surveillance épidémiologiques et sur la consommation moyenne mensuelle en médicaments et autres produits de santé, les rapports sur la vaccination et d’autres programmes de santé ne sont plus transmises ou le sont en retard. Cela affecte négativement la planification des commandes des intrants (médicaments, réactifs, vaccins etc.) au niveau central, intermédiaire et au niveau périphérique (district), ainsi que la surveillance et la gestion des épidémies/maladies.

6. La faible qualité de la gouvernance/régulation du système. En effet, toutes les activités de coordination, de supervision et de suivi des services de santé sur le terrain ne sont plus effectives dans tous les districts du fait de l’insécurité. Comme le rapportait un superviseur au Burkina Faso, « la hiérarchie m’a demandé de faire la supervision par téléphone, WhatsApp ou Messenger compte tenu de l’inaccessibilité physique de certaines zones ». Faut-il encore que le réseau téléphonique permette ce genre de solution! 

Le cas de chaque contexte fragile est particulier. L'insécurité est loin d'être le seul problème. Les liens entre fragilité et performance du système de santé sont en fait complexes et certainement pas unidirectionnels. Ainsi, ceux qui rejoignent la lutte armée sont souvent issus de communautés qui se sentent négligées par les services publics et/ou qui n’ont plus confiance en l’Etat ; ce qui rend l’action publique encore plus difficile.

Mise en place d’un groupe de travail sur « Collectivity »

Lors d’un récent atelier organisé par plusieurs communautés de pratique à l’Institut de Médecine Tropicale à Anvers, des chercheurs et praticiens se sont penchés sur cet enjeu. A l’issue des échanges, les participants ont proposé de lancer un processus multi-acteurs sur le sujet. Un appel à candidature a été lancé sur Collectivity. Ensemble, nous avons produit une note conceptuelle qui propose un programme d’action de plus d’un an.

Notre ambition est de lancer un processus pour que les différents acteurs (décideurs politiques, société civile, secteur privé, chercheurs, partenaires techniques et financiers etc.) intervenant dans le renforcement des systèmes de santé des pays francophones concernés reconnaissent la réalité de la fragilité dans ces pays et qu’ensemble nous identifions des approches prouvées ou prometteuses pour y faire face. Bien sûr, chaque contexte fragile est unique et dynamique ; les solutions devront donc être locales et adaptées. Mais il n’est pas impossible que certaines interventions sanitaires, encore trop peu généralisées (ex. agents de santé communautaire, gratuité d’un paquet de soins), apparaissent comme particulièrement pertinentes, non seulement sur un plan sanitaire, mais également pour rétablir les liens de confiance entre les États et leur population.

Nous sommes conscients de soulever des questions sensibles. C’est pourquoi il va nous falloir bâtir un partenariat solide et efficace entre décideurs politiques, praticiens et chercheurs. Le processus que nous proposons s’inscrit aussi dans l’effort conduit depuis bientôt dix ans par nos Communautés de Pratique. Nous tenons à prouver que l'apprentissage collectif et systémique est possible même, dans les systèmes de santé affectés par la fragilité.

Nous vous invitons donc à prendre connaissance de notre note conceptuelle. Vous l’avez compris, nous sommes désormais à la recherche de personnes et d'acteurs désireux de soutenir l'initiative.
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Health Systems and Fragility in Francophone Africa

4/19/2019

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​Aloys Zongo, Joel Arthur Kiendrebeogo, Willem van Put, Bruno Meessen (on behalf of the working group on Health System & Fragility)

A worrying deterioration of the security situation is underway in several Francophone African countries. Other countries have been stuck for years in a state of instability. The number of so-called 'fragile' contexts is widening. A working group was set up on ‘Collectivity’ to reflect on the issue and propose activities that would help address it. Its members call us to action. In this blog post, they present their initiative.

The concept of fragility refers to a situation where the state structure lacks the political will and / or the capacity to provide people with the basic functions required to reduce poverty, promote development, and ensure security and human rights. In its latest Africa's Pulse report, the World Bank recalls that Africa is particularly concerned: 53% of the fragile contexts in the world are in sub-Saharan Africa. And among these, we will find almost all the countries of Francophone Africa.

Insecurity is growing in the Sahel region as a result of abuses committed by various terrorist groups (as in Burkina Faso, Mali and Niger, and around Lake Chad). And even more worryingly, inter-community violence has increased. Burkina Faso and Mali have been particularly affected by this situation in recent weeks.

The links between insecurity and health are numerous. The combination of "epidemics and conflict" is particularly threatening, as evidenced by the Ebola virus epidemic that has been raging in North Kivu since August 2018 and has already registered 751 deaths. The response to this epidemic is particularly complicated by conflict, political instability, deterioration of the health system and distrust of the population. Beyond the Ebola epidemic, the entire health system is under threat.
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Is it not time to call things by their name? Committed as we are to development initiatives (eg Universal Health Coverage), are we not ignoring the dynamics of fragility in our countries?

Health systems and fragility

There is a rich literature on health systems in fragile and conflict-affected contexts. Unfortunately, the French-speaking world is generally absent from the debate. As we have highlighted in our concept note, national and international actors engaged in the development of health systems in Francophone Africa are relatively silent on the issue. The analysis-grid of the fragile state has been very little applied by researchers to French-speaking Africa and the Sahel countries in particular. This lack of attention coupled with a lack of scientific knowledge jeopardizes our collective action and could jeopardize the achievement of sustainable development goals. There is a huge need for relevant empirical analyses to drive action in our countries, in the Sahel region or Central Africa.

All the pillars of the health system are likely to be negatively affected by the ongoing weakening, with the consequent disruption of our already underdeveloped health systems. Let's just talk about some challenges:


  1. The inability to provide health services to a large part of the population: for example, because of insecurity, the advanced strategies for vaccination are not carried out, hence the risk of epidemics occurring. Added to this is the closure of many health centers, the abandonment of positions by some health workers, the inaccessibility of some refugee sites by humanitarian NGOs.
  2. Failure of the reference system / counter reference. In Burkina Faso, for example, ambulances were targeted by terrorists, preventing evacuations in some localities. Moreover, even moving from one locality to another is not without danger, as illustrated by (even if it remains an isolated case) the fate of a pregnant woman and her companion who died, from terrorist attacks while traveling to a health center to give birth.
  3. The lack or insufficiency of financial resources, infrastructure, equipment, human resources, medicines and other health products for quality health services. Indeed, insecurity leads, on the one hand, a reallocation of public budgets to reinforce security, on the other hand, a reduction in economic growth. In Guinea, for example, the Ebola virus epidemic has led to a reduction in economic growth (it was 0.5% in 2014 against a forecast of 4.5% according to the World Bank). As for Burkina Faso, the national budget allocated to the Ministry of Health decreased from 12.81% (of the total budget) in 2014 to 10.70% in 2018 - This has led to a reduction in investments in the health system.
  4. The failure of the supply chain of medicines and other health products. Insecurity negatively affects the already fragile supply chain of medicines and other health products. Indeed, because of the inaccessibility of certain localities due to insecurity, the supply is interrupted or delayed. This causes prolonged ruptures with consequent morbidity and mortality of diseases.
  5. The failure of health information systems. For example, because of difficulties to travel and closure of some health facilities, epidemiological surveillance data and monthly average consumption of drugs and other health products, immunization reports are no longer transmitted or are late. This negatively affects the planning of input orders (medicines, reagents, vaccines, etc.) at the central, intermediate and peripheral (district) levels, as well as the surveillance and management of epidemics / diseases.
  6. The poor quality of governance / regulation of the system. Indeed, all activities of coordination, supervision and monitoring of health services in the field are no longer effective in all districts due to insecurity. As reported by a supervisor in Burkina Faso, "I was asked to do the supervision by telephone, WhatsApp or Messenger, given the physical inaccessibility of certain areas". But do telephone networks always allow this kind of solution?
The case of each fragile context is particular. Insecurity is far from being the only problem. The links between fragility and health system performance are of course complex and certainly not unidirectional. Thus, those who join the armed struggle often come from communities that feel neglected by public services and / or who no longer trust the state; which makes public action even more difficult.

Establishment of a working group on "Collectivity"

At a recent workshop organized by several communities of practice at the Institute of Tropical Medicine in Antwerp, researchers and practitioners discussed this issue. At the end of the discussions, the participants proposed to launch a multi-stakeholder process on the subject. A call for applications has been launched on Collectivity. Together, we produced a concept note that proposes an action program that covers a first year.

Our ambition is to launch a process so that the different actors (political decision-makers, civil society, private sector, researchers, technical and financial partners, etc.) involved in strengthening the health systems of the Francophone concerned countries recognize the reality of fragility in these countries,  in order to identify proven or promising approaches to address it. Of course, every fragile context is unique and dynamic; the solutions will have to be local and adapted. But it is not impossible that some health interventions, still too little generalized (e.g. community health workers, free health care for a basic package of services), appear particularly relevant, not only from a public health perspective, but also as a strategy to restore trust between Nation States and their people.

We are aware of raising sensitive issues. That's why we need to build a strong and effective partnership between policy makers, practitioners and researchers. The process we are proposing is also part of the effort developed by our Communities of Practice for nearly ten years now. We want to prove that collective and systemic learning is possible even in health systems affected by fragilty.

We invite you to read our concept note. As you understand, we are now looking for people and actors who want to support the initiative.

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Exemption/subsidy policies for maternal health in Africa: the need for a country-specific approach

12/16/2013

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In this blog post, Isidore Sieleunou (co-facilitator of the "Financial Access to Health Services" Community of Practice) summarizes some of the main messages of the conference which took place in Ouagadougou (25-28 November 2013). The event was co-organized with the FEMHealth Consortium and the universities of Heidelberg and Montreal. This blog post is cross-posted from the IHP newsletter.

In 2011, the Financial Access to Health Services Community of Practice (FAHS CoP) held a workshop in Bamako to discuss the formulation and implementation of maternal health fee exemption policies. At the end of the workshop, a research agenda was put forth. Two years later, the FAHS CoP, alongside several academic partners, gathered again to take stock, this time in Ouagadougou, Burkina Faso.

A conference to assess the effectiveness of fee exemption policies

This time, our focus was on evaluating the effectiveness of these policies. Have they had a positive impact on maternal health? Have they had a protective effect on households against catastrophic health expenses? How well have they been integrated into health systems?

Plenty of stakeholders showed interest;  more than 120 participants gathered in Ouagadougou:  high-level decision makers, front line implementers of fee exemptions, researchers, and representatives of both bilateral and multilateral, governmental and non-governmental institutions.

It turned out to be an exciting week of activities structured in an innovative 1+3+1 format (field visit on the first day, then 3 days of presentations and debates, and a training session on the last day, with each person free to choose the program of events that suited him/her). A clear highlight was the fact that the French Minister delegate for Development, Monsieur Pascal Canfin, and the Minister of Health from Burkina Faso, Monsieur Léné Sebgo, presided over the conference’s closing session – a major political recognition for our CoP! 

Policies that are working

For more than 10 years now, numerous African countries have launched fee exemption policies in an effort to achieve the MDGs, but also to reduce out-of-pocket health expenditures.

Content wise, these policies vary from one country to another. The policy in Benin, for example, covers only Caesarean sections, while Burkina Faso’s policy extends coverage to all services during the pregnancy and neonatal period, albeit with a patient co-payment equivalent to 20% of direct costs.  In between these two cases, there is a range of combinations.

A lot of the discussions in Bamako focused on the fact that most of the policies were hastily implemented at the national level, without the benefit of a pilot phase, without adequate accompanying measures, and especially without systematic monitoring and evaluation of the impact.

This situation has posed plenty of methodological challenges for researchers, but nonetheless, a number of research programs were undertaken, and against all odds, several research teams managed to document these policies. In recent years, managers and implementers of these policies have accumulated significant tacit knowledge.

The study results presented in Ouagadougou are impressive, and show that exemption policies and subsidies have:

  • Resulted in higher utilisation of maternal health services, such as prenatal care and assisted deliveries;
  • Shown that insofar as many wealthier women already sought out such maternal health services, the rise in utilisation is particularly obvious for poorer women. This is especially documented in the cases of Burkina Faso and Morocco; 
  • Led to better access to Caesarean sections with a reduction in post-Caesarean mortality and a significant reduction in unmet need for obstetric services in Benin, Burkina Faso, Guinea and Morocco (though in terms of the quality of the services delivered, there is some variance, as shown by a FEMHealth study in Benin);
  • Lessened household out-of-pocket payments for maternity care in Burkina Faso and in Morocco.

We noted the interesting effect on women in one district in Burkina Faso of strengthening their decision-making power within the household (by eliminating the financial worry and providing a clear care-seeking path). Another effect was faster health seeking behaviour among women and their children.

But of course, difficulties remain, and some of the results are mixed. One study documented the problem of health worker overload in Niger. It also appears that in Benin richer women benefit the most from the free Caesarean section policy.

These challenges are most likely not inherent to the fee exemption per se, but to deficiencies in the policy’s formulation and/or implementation within the health system. Implementation challenges are unavoidable, though, and countries are learning as they go.

The clear success of the policy in a country like Burkina Faso is also directly linked to its monitoring and evaluation – its ability to produce data and use these data to adjust policy implementation accordingly.

What is in store: a new generation of more targeted fee exemptions?

In my view, the debate should no longer center on whether one is “for or against” fee exemptions, but should take a country-by-country approach instead.

In countries where fee exemptions and subsidies are working -  if the rate of assisted deliveries is high (Burkina Faso and Morocco) - or in a country where those rates were already high (Benin), it is probably time to think about the next step, “second generation models”, where several financing schemes are used in tandem to address a specific challenge.

One example is the inadequacy of exemption policies to reach some vulnerable population groups, who may face other as yet insurmountable obstacles to actually reaching a health facility. I still remember the words of a doctor from Kaya regional hospital during the field visit; “I cannot understand: services are free, but women are still not coming.” 

Given the example of the success and effectiveness of “vouchers programs” on utilisation, quality, and equity (an example from Kenya was presented at the conference), it could be interesting, for example, to pair a fee exemption with a “voucher” for the poorest women. Such a combination could strengthen fee exemption policies and make them more effective in terms of reaching the poorest and most vulnerable groups.

This conference also sounded like a (necessary) response to the recent Bonn forum on universal health coverage (UHC). During this three-day forum, a wide range of strategies targeting all dimensions of UHC (population coverage, access, and financial protection) were discussed from efficient service purchasing to insurance systems, from cash transfers to vouchers … just no mention of user fee abolition. UHC is all about responding to increasing demands for better health services, no matter what path towards the goal is chosen, keeping open all policy options, adjusting to the specific circumstances of each country. Exemption/subsidy policies are proven and cannot be left out of instruments for UHC in Africa.

In their closing words at the conference, the French Minister delegate for Development and Burkina’s Minister of Health paid tribute to the CoP’s dynamic approach, emphasizing the importance of substantive exchange among different knowledge holders in order to overcome challenges and succeed in health system reform.

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Les politiques d’exemptions et subventions pour les services de santé maternelle en Afrique : des résultats concluants

12/9/2013

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Dans ce billet de blog, Isidore Sieleunou, co-facilitateur de la Communauté de Pratique Accès Financier aux Services de Santé (CdP AFSS), revient sur la conférence qui s'est tenue la semaine dernière à Ouagadougou (25-28/11/2013). La conférence était organisée conjointement avec le consortium FEMHealth et les universités de Heidelberg et Montréal. 

En 2011, la Communauté de Pratique Accès Financier aux Services de Santé (CdP AFSS) s’était réunie à Bamako pour faire le point sur la formulation et la mise en œuvre des politiques de gratuité en santé maternelle. En conclusion de l’atelier, un programme de recherche avait été formulé. Deux ans plus tard, la CdP AFSS, conjointement avec différents partenaires académiques, a remis les couverts. Cette fois, il s’agissait surtout d’évaluer l’efficacité de ces politiques. Ont-elles contribué positivement à une meilleure santé maternelle ? Ont-elles protégé les ménages contre les dépenses catastrophiques ? Comment s’est faite leur intégration dans les systèmes de santé ?

L’intérêt était grand : la conférence a réuni plus de 120 experts, des décideurs politiques de haut niveau, des acteurs de la mise en œuvre, des chercheurs et des agents des institutions multilatérale et bilatérale, gouvernementale et non gouvernementale.

La semaine d’activités a été riche en événements, selon un format innovateur 1+3+1 (visite de terrain le premier jour, 3 jours de présentation et débats, formation le dernier jour ; chacun étant libre de confectionner son propre programme). Le point culminant a certainement été la clôture de la conférence par le Ministre-Délégué au Développement de la France Monsieur Pascal Canfin et le Ministre de la Santé du Burkina Faso Monsieur Léné Sebgo. Voilà, une reconnaissance politique majeure pour notre CdP ! 

  
Des politiques qui marchent

Rappelons que depuis plus d’une décennie, de nombreux pays africains ont lancé des politiques nationales d’exemption dans le but de favoriser l’atteinte des OMD, mais aussi dans le souci de réduire les dépenses de santé à charge des populations.

Ces politiques, dans leur contenu, sont variables d’un pays à un autre. Le Bénin par exemple couvre uniquement les soins pour les césariennes alors que le Burkina Faso étend cette prise en charge pendant toute la grossesse et au nouveau-né même si dans ce dernier pays, un co-paiement équivalent à 20% des coûts directs reste à payer par les ménages. Entre les deux situations, on retrouve une multitude de combinaisons intermédiaires.

On en avait beaucoup parlé à Bamako : la plupart de ces politiques d’exemption ont été trop rapidement mises en œuvre, directement à l’échelle nationale, sans phase pilote, sans des mesures d’accompagnement adéquats, et surtout sans planification d’un volet d’évaluation qui puisse permettre de mesurer leurs effets.

Ces caractéristiques ont posé d’emblée des défis méthodologiques pour les chercheurs, mais divers programmes de recherches ont été entrepris et plusieurs équipes de recherches sont arrivées, malgré tout, à documenter ces politiques. Du reste, les gestionnaires de ces politiques ainsi que les acteurs opérationnels ont aussi accumulé des savoirs tacites tout au long de ces dernières années.

Les résultats des études présentées à Ougadougou sont remarquables et montrent que les politiques d’exemptions/subventions pour les services de santé maternelle ont :
  • favorisé une plus grande utilisation des services de santé maternelles tels que les consultations prénatales ou plus fondamentalement les accouchements assistés; 
  • dans la mesure où beaucoup de femmes des classes aisées recouraient déjà aux formations sanitaires pour de tels services, l’augmentation provient bien des classes les plus pauvres. Ce phénomène de rattrapage par les plus pauvres est particulièrement manifeste au Burkina Faso et au Maroc ; 
  • entraîné un accès important à la césarienne avec diminution parfois de la létalité post césarienne et une réduction considérable des besoins obstétricaux non couverts au Bénin, au Burkina Faso, en Guinée et au Maroc (même si la situation, en termes de qualité de la prise en charge, peut varier, comme l’a montré une étude du projet FEMHealth au Bénin) ;
  • contribué à réduire les montants supportés par les ménages au Burkina Faso et au Maroc.

Une étude dans un district au Burkina Faso a par ailleurs montré que ces politiques de subventions des services de santé maternelle pouvaient renforcer le pouvoir d’agir  des femmes par le truchement d’un pouvoir de décision accru à l’intérieur du ménage (élimination de l’inquiétude sur la mobilisation des ressources et maîtrise de l’itinéraire thérapeutique par les femmes). Elles ont par le même temps entraîné un recours plus rapide aux services de santé pour les femmes et leurs enfants.

Mais ne nous leurrons pas: des difficultés existent et certains résultats restent mitigés. Une étude a relevé par exemple des problèmes du surplus de travail pour les soignants au Niger. Il semble également qu’au Bénin, ce sont surtout les femmes riches qui ont profité de la gratuité des césariennes.

Force est de reconnaitre que ces défis ne sont pas liés à l’abolition du paiement en tant que telle, mais sont plutôt dus à des insuffisances dans sa conception, son application ou au niveau du système de santé. Mais les défis de la mise en œuvre de ces politiques ne signifient pas pour autant que ces politiques ne connaissent pas de succès : les pays apprennent de leur expérience. Le succès observé avec un pays comme le Burkina Faso réside aussi dans la capacité du pays à générer des données probantes et à les utiliser ensuite pour ajuster la mise en œuvre.

Le futur : une nouvelle génération de politiques plus ciblées?

Selon moi, le débat ne devrait plus se cristalliser autour de la question « pour ou contre » les politiques d’exemption/subvention. Il faut désormais regarder pays par pays.

Dans les pays où ces gratuités ou ces subventions ont « marché » au point que désormais les taux de couverture des accouchements assistés sont élevés (Burkina Faso et Maroc) ou dans les pays où ces taux étaient déjà élevés (Bénin), il est probablement temps de réfléchir à l’étape suivante, des modèles de seconde génération, où par exemple on couplerait différents régimes de financement pour juguler un défi bien précis.

Un exemple est l’imparfaite atteinte par les politiques de subvention/exemption de certains groupes de population vulnérable du fait que les obstacles à l'accès restent tout simplement énormes à surmonter pour ceux-ci, qui par conséquent, n’arrivent souvent pas jusqu'aux formations sanitaires. Je me souviens encore de ce médecin de l’Hôpital Régional de Kaya qui, durant la visite de terrain, nous disait : « je ne comprends pas : les soins sont gratuits, mais les femmes ne viennent pas ».

Au regard du succès et de l’efficacité de nombreux programmes de chèque santé sur l'utilisation, la qualité et l'équité (un exemple du Kenya a été présenté durant la conférence), il serait par exemple intéressant de coupler exemption/subvention et chèque santé pour les plus pauvres. Cela rendrait les programmes d’exemption/subvention plus solides et plus efficaces pour améliorer la santé des groupes les plus pauvres et les plus défavorisés.

Cette conférence a par ailleurs sonné comme une réplique au récent forum de Bonn sur la couverture sanitaire universelle (CSU). Durant ce forum de trois jours, un éventail de stratégies incluant toutes les dimensions de la CSU avait été discuté, allant de l’achat stratégique des services aux systèmes assurantiels, des transferts aux chèques …. mais aucune mention sur l’abolition des paiements directs. Les options pour l’évolution vers la CSU ne sont rien d’autres qu’un agencement cohérent des régimes de financement visant à répondre à la demande croissante pour de meilleurs services de santé, en maintenant ouvertes toutes les options politiques et en adaptant celles-ci aux circonstances spécifiques de chaque pays. Les politiques d’exemption/subvention font leurs preuves et ne peuvent pas rester en dehors des instruments pour une CSU en Afrique.

Dans leur ultime propos de clôture de la conférence, les Ministres Français Délégué au Développement et Burkinabé de la Santé ont chacun tenu à féliciter le succès de l’approche CoP en soulignant le caractère incontournable d’un échange approfondi entre les différents détenteurs du savoir dans le but de faire avancer l’agenda des défis du système de santé.

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Gestion des savoirs : naissance d’un nouveau partenariat

10/31/2013

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Les facilitateurs des CoPs HHA

Dans ce billet de blog, nous vous présentons un nouveau partenariat qui va consolider l’engagement des communautés de pratique dans la gestion des savoirs dans le domaine de la santé. Nous vous présentons la première activité de ce partenariat : une formation d’une journée en courtage des savoirs (Ouagadougou, 29/11/2013). D’autres activités suivront en 2014.

Construire des systèmes assurant une gestion optimale des savoirs est un des grands défis du monde contemporain. C’est en observant l’inefficience liée aux demandes d’assistance restant sans réponse ou au contraire générée par des missions redondantes, que les agences affiliées à HHA et les ministères de la santé ont suscité la création des communautés de pratique (CoPs). Cet espace, les CoPs ont rapidement appris à  l’occuper, en veillant toujours à valoriser l’expertise détenue par leurs membres. Aujourd’hui les CoPs ont grandi en taille et gagné en stature ; leurs plateformes électroniques et événements sont reconnus comme des canaux importants de partage des connaissances.  

Sur ces trois années, les facilitateurs des CoPs ont aussi accumulé une solide expérience en matière de gestion des savoirs. Cette expertise, ils sont désormais prêts à la partager (certains facilitateurs aident ainsi d’autres acteurs à conduire leurs propres événements), mais aussi à la transmettre au travers de formation. 

Pour réussir ce nouveau programme d’activités, les CoPs HHA se sont associées avec deux acteurs qui ont démontré leur engagement en matière de gestion des savoirs en santé internationale: l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers et l’Université de Montréal.

Nos activités de formation

Notre programme d’activités sera flexible. Il sollicitera l’expertise académique présente chez nos deux partenaires académiques, mais mettra aussi en valeur l’expertise détenue par les différents facilitateurs des CoPs. Nos activités se feront en face-à-face, mais aussi par voie électronique.

Les thématiques couvertes seront notamment les suivantes : techniques de transfert des connaissances scientifiques vers les décideurs politiques, méthodologies de facilitation de communauté de pratique, usage des média sociaux, cadre d’évaluation des activités de gestion des savoirs…

Pour les activités en face-à-face, nous essayerons de nous rapprocher au maximum de nos experts. Si certaines de nos activités seront parfois organisées au Nord, nous essaierons d’organiser la majorité d’entre elle en Afrique, souvent en les accolant à d’autres événements.

A cette fin, nous sommes à la recherche de partenaires africains – académiques, mais aussi ONG ou entrepreneurs – disposés à organiser nos activités dans leurs pays. Car notre partenariat n’est bien sûr pas figé. Nous avons bon espoir de pouvoir progressivement nouer des liens avec d’autres acteurs. Le modèle des CoPs est clairement d’être ouvert à la collaboration. Nous espérons par ailleurs que ces techniques de gestion des savoirs seront progressivement adoptées par les institutions académiques africaines, ce qui élargira le champ des partenaires pour les CoPs.

Une première formation en courtage des savoirs

Notre première activité sera une formation d’une journée dans le domaine du courtage des savoirs scientifiques. Cette stratégie a pour but d'appuyer les pratiques et la prise de décision fondée sur les données probantes dans l'organisation, la gestion et la prestation des services de santé. Elle repose sur une personne ou une organisation dont la mission consiste à répondre aux questions des intervenants et des décideurs. C’est une option tout à fait envisageable pour un ministère de la santé, une agence internationale ou une organisation non gouvernementale. Pour les participants au cours, ce sera l’opportunité d’acquérir les connaissances théoriques et les techniques entourant le courtage des connaissances. Le cours est ouvert aux cadres des ministères de la santé, aux chercheurs, au personnel des partenaires techniques et financiers. Il est recommandé aux membres des CoPs qui aimeraient assumer dans le futur un rôle dans la co-facilitation des activités des CoPs.   Cette formation sera offerte, le 29/11/2013, à Ouagadougou au lendemain de la conférence organisée par la Communauté de Pratique « Accès Financier aux Services de Santé » (25-28/11/2013). La formation, développée à l’Université de Montréal, sera assurée par une équipe expérimentée de trois formateurs : Christian Dagenais (Équipe RENARD, Université de Montréal), Julie Lane (Université de Sherbrooke) et Télesphore Donmozoun Somé (Société d’étude et de recherche en santé publique, SERSAP). Vous pouvez accéder au programme en cliquant ici. Pour le formulaire d’inscription à la formation, c’est ici. Grâce à un financement des Instituts de Recherche en Santé du Canada et de la Commission Européenne (Projet FEMHealth), ce cours sera gratuit. Dépêchez-vous nous n’accepterons que 20 participants. 

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L’équipe du Burkina Faso de la Communauté de Pratique Accès Financier: bien partie pour faire aussi bien que les Etalons à la CAN 2013

7/25/2013

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Bruno Meessen

Dans ce billet, on vous tient au courant des progrès quant aux préparatifs de la conférence « Politiques d’exemption pour les services de santé maternelle en Afrique: évaluation, expériences et partage des connaissances » de Ouagadougou (25-28 novembre 2013).


Les mois de juillet et août sont traditionnellement des mois plus paisibles en santé internationale. Sachez toutefois que certains s’affairent à préparer la prochaine conférence de la Communauté de Pratique Accès Financier aux Services de Santé qui se tiendra à Ouagadougou du 25 au 28 novembre 2013.

Il y a tout d’abord le comité organisateur local. Il a identifié l’hôtel qui accueillera la conférence et est en train d’identifier les hôtels de séjour (on veillera à offrir une gamme de prix rencontrant vos préférences). Au fil de nos conférences de communautés de pratique (Bujumbura, Marrakech), nous avons appris qu’une visite du système de santé local est un moment précieux pour enrichir notre compréhension de la nature concrète des politiques discutées dans la suite de la conférence. Le comité organisateur local a sélectionné le district sanitaire de Kaya situé à environ 100 km au nord de Ouagadougou. Cette visite permettra aux participants de se familiariser avec la politique de subvention des soins obstétricaux et néonataux d’urgence du Burkina Faso, qui est une très bonne illustration de ce qui peut être fait pour améliorer l’accès financier aux soins maternels.

Il y a bien sûr également des préparatifs relatifs au contenu de la conférence. Avec les autres membres du comité scientifique, je me suis ainsi attelé à la lecture des résumés qui nous ont été soumis. Vos contributions constitueront en effet un axe central de cette conférence, plus scientifique que les précédents événements organisés par la CdP.  Nous avons reçu 54 résumés, surtout de l’Afrique de l’Ouest, mais parfois de plus loin (y compris d’Asie !). A noter que ce total n’inclue pas encore la production du consortium de recherche FEMHealth, co-organisateur de la conférence ; celle-ci nous est promise pour la fin septembre et va enrichir substantiellement le programme de la conférence (par des contributions méthodologiques, mais aussi par des travaux empiriques conduits au Bénin, Burkina Faso, Mali et Maroc).

Je suis bien sûr tenu par l’obligation de confidentialité de la tâche, mais je ne cacherai pas qu’au vu de ce que j’ai lu, je me réjouis d’être à Ouagadougou : on peut prédire une conférence de très grande qualité, qui combinera présentations méthodologiques, résultats empiriques, partages d’expérience et délibérations entre différents détenteurs de savoirs (la force de nos communautés de pratique !).

J’ai été particulièrement impressionné par le tir groupé des chercheurs actifs au Burkina Faso. Cela témoigne de la montée en puissance d’un pôle scientifique dans le "pays des hommes intègres". Je suis certain qu’on aura l’occasion de faire d’autres louanges à nos hôtes à la clôture de cette importante conférence régionale, mais je voulais déjà leur tirer un premier coup de chapeau… Du reste, les grands champions – qu’ils soient footballeurs ou scientifiques – aiment la pression !

On continuera à vous tenir au courant dans les mois qui viennent sur cette conférence importante pour dresser le bilan des politiques de gratuité et de subvention en santé maternelle. N’hésitez pas à déjà vous familiariser avec le site internet de la conférence. 


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Maternal Health Fee Exemption Policies in Africa: sharing research results and experiences

5/24/2013

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Yamba Kafando


From November 25-28, 2013, a workshop on maternal health fee exemption policies is being organised in Ouagadougou (Burkina Faso). Its objective is to draw conclusions on such policies through research results and the experiences of key actors. 

For more than a decade now, a number of African countries have been implementing national fee exemption policies targeting certain services (HIV, malaria, deliveries, Caesarean sections, etc…) or specific population categories (children under 5, pregnant women, the elderly, etc…). The objective of most of these policies is to increase chances of reaching the MDGs and also to reduce financial barriers to accessing health care.

If there is one major shortcoming, however, it is that most of these policies were hurriedly implemented, began on a national scale without a pilot phase, and worse, without having designed or put in place any evaluation mechanisms to measure their effects.

Knowledge on fee exemption schemes: much production, but too little sharing and utilisation

Such highly political processes and hasty implementation present clear methodological challenges to those who wish to evaluate fee exemption schemes. And yet, many different research programs have undertaken studies on the subject and their results are now starting to become available. A number of NGOs have documented their fee exemption interventions. Managers of fee exemption schemes and front-line implementers also have important tacit knowledge that should be shared.

One common characteristic of the period in which these policies were implemented (2000-2010), is that there existed no platform in place for exchange and knowledge management among implementing countries. No doubt this at least partially explains why technical and scientific knowledge already available at the time was rarely used to improve fee exemption policies, leading to a cycle of repeating the same avoidable mistakes.

This situation did, however, lead people to realize the importance of creating such a platform for knowledge and experience sharing, and as such, the Financial Access to Health Services Community of practice (FAHS CoP) was launched.

A more scientific workshop

So it is with great pleasure – and we think a fair amount of legitimacy, that the FAHS CoP announces the upcoming workshop in Ouagadougou dedicated to the evaluation of maternal health services fee exemptions in Africa.

Many of you will remember the one held in Bamako in November 2011. With this upcoming, and most likely last CoP workshop on the topic, we feel confident we can close this chapter of knowledge production.The Ouagadougou workshop will be more scientific than Bamako was: it will allow us to highlight and share the knowledge created through studies carried out on maternal health fee exemptions by different research consortiums, including those linked to the FEMHealth project, the University of Montreal and the University of Heidelberg.

The workshop aims to bring together countries implementing maternal health fee exemptions with research teams who have been investigating these policies in Africa. The goal of this workshop will not be to judge the choices countries have made regarding maternal health fee exemptions, but rather to help them to make them more effective and efficient so as to improve the health of their populations.
 
In order to facilitate a maximum of exchange, a call for abstracts covering 10 themes has been issued not only for researchers, but also for managers and implementers of such schemes. We would like to invite you to share your experience on the topic through this blog, and also by submitting an abstract for the Ouagadougou workshop. On behalf of the Institute for Health Sciences Research (Ouagadougou), we look forward to welcoming you to Burkina Faso.

(Translation: Allison Kelley)



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Politiques d’exemption en santé maternelle en Afrique : partageons nos expériences et résultats de recherches

5/22/2013

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Yamba Kafando

Du 25 au 28 novembre 2013, se tiendra à Ouagadougou (Burkina Faso) un atelier sur les politiques d’exemption pour les services de santé maternelle. Son objectif principal est de faire le bilan de ces politiques à partir des résultats de différentes recherches et des expériences des acteurs-clés.


Depuis plus d’une décennie, de nombreux pays africains mettent en œuvre des politiques nationales d’exemption visant certains services (VIH, paludisme, accouchements, césarienne, etc…) ou certaines catégories spécifiques de la population (enfants de moins de cinq ans, femmes enceintes, personnes âgées, etc…). L’atteinte des OMD mais aussi le souci de réduire les barrières financières à l’accès aux soins des populations sont les objectifs poursuivis par la mise en place de ces politiques nationales.

On peut toutefois avoir un regret : la plupart de ces politiques d’exemption ont été trop rapidement mises en œuvre, directement à l’échelle nationale, sans phase pilote et surtout sans planification d’un volet d’évaluation qui puisse permettre de mesurer leurs effets.



Des connaissances produites, mais trop peu partagées et utilisées 

De tels processus politiques hâtifs et généralisés d’emblée posent des défis méthodologiques à ceux qui veulent les évaluer. Malgré cela, divers programmes de recherche ont été entrepris ; leurs résultats commencent à être disponibles. Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ont par ailleurs documenté leurs interventions. Enfin, les gestionnaires de ces politiques ainsi que les acteurs opérationnels détiennent aussi des savoirs tacites qu’il convient de mobiliser.

Un fait caractérisant la période pendant laquelle ces politiques de subvention ont été lancées (2000-2010), est qu’aucun mécanisme de partage des connaissances entre pays n’était en place. Cela a plus que probablement contribué au fait que les connaissances scientifiques et opérationnelles déjà disponibles à l’époque aient été peu utilisées pour l’amélioration de ces politiques, conduisant à la reproduction d’erreurs évitables.

Cela a suscité une prise de conscience qu’il fallait créer une plateforme de partage et a, de fil en aiguille, conduit à la mise en place de la Communauté de Pratique Accès Financier aux Services de Santé.

Un atelier avec une orientation plus scientifique 

C’est avec fierté que la Communauté de Pratique AFSS vous annonce la tenue prochaine d’un atelier à Ouagadougou consacré à l’évaluation des politiques de gratuité en santé maternelle. Certains d’entre vous se souviendront certainement de celui qui avait été organisé à Bamako en Novembre 2011. Avec ce second et probablement dernier atelier sur cette thématique, nous pensons pouvoir boucler cet important programme de connaissances. En effet, l’atelier de Ouagadougou aura une nature plus scientifique : il nous permettra de prendre connaissances de différentes études menées sur ces politiques ces trois dernières années, notamment celles qui ont été conduites par différents consortia scientifiques gravitant autour du projet FEMHealth, de l’Université de Montréal et de l’Université de Heidelberg.

Concrètement, l'événement ambitionne de regrouper les experts mettant en œuvre des politiques d'exemption pour les services de santé maternelle ainsi que les équipes scientifiques qui se sont penchées sur ces expériences en Afrique. Le but de la conférence ne sera pas de juger les choix faits par les pays en matière de politiques d’exemption en santé maternelle, mais plutôt d'aider à les rendre plus efficaces et efficientes afin d'améliorer la santé des populations. 
En vue de favoriser le partage d’un plus grand nombre d’expériences sur ces questions, un appel à communications couvrant 10 thématiques a été lancé à l’endroit des chercheurs, des intervenants mais aussi des gestionnaires et des acteurs opérationnels.

Nous vous invitons donc à partager votre expérience en la matière sur ce blog mais aussi à proposer une communication pour la conférence de Ouagadougou. Au nom de l’Institut de Recherches en Sciences de la Santé, nous nous réjouissons déjà de vous accueillir au Burkina Faso.

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La prise en charge des indigents : la responsabilité de chacun !

5/6/2013

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Les participants du cours « Politique de Santé »

Le 26 avril 2013, dans le cadre d’un module de cours sur la gestion des connaissances, les participants à la formation courte « politiques de santé » à l’IMT d’Anvers ont organisé un débat autour du film « Ah les indigents ! » (1). Ce film raconte la conduite d’une recherche-action au Burkina Faso. Dans ce blog post, les participants rapportent le contenu des discussions et donnent quelques conseils à tous ceux qui voudraient exploiter ce film (en libre accès sur youtube) dans un cadre didactique ou de plaidoyer.

Depuis l'adoption des politiques de recouvrement des coûts des soins en Afrique subsaharienne dans les années 80, la problématique de l'utilisation des services de santé par  les indigents est devenue un enjeu plus visible. Le débat est entretenu par les résultats controversés des politiques de paiement des soins par les usagers, y compris pour certains groupes vulnérables bien plus larges (enfants, femmes…). Ces dernières années, des expériences de réforme du financement des systèmes de santé ont été initiées en Afrique. Certaines  s’attellent à mieux concilier les objectifs d'efficacité et d'équité, notamment en prenant en compte le problème de l'accès aux soins et de l'utilisation des services de santé par les indigents (nous pensons par exemple aux expériences des fonds d’équité).

Les défis sont connus : Qu’est-ce que l’indigence ? Qui sont les indigents ? Comment les identifier ? Où sont-ils, où vivent-ils ? Qui va payer pour leur prise en charge ?

Une recherche-action… un film… un débat

Ce sont à ces questions qu’une recherche-action mise en œuvre au Burkina Faso dans le district sanitaire de Ouargaye, a tenté de répondre. Un film documentaire intitulé « Ah les indigents ! » a été réalisé sur cette recherche-action par Malam Saguirou, avec le concours financier du CRDI du Canada. La recherche-action, elle-même, était conduite par l’équipe du Professeur Valéry Ridde de l’Université de Montréal.

Ce court-métrage reprend les étapes de la recherche-action et montre comment les communautés ont été en mesure de se mobiliser pour favoriser l'accès aux soins des indigents. Il démontre que l’identification communautaire est une bonne solution pour identifier les personnes les plus démunies en milieu rural, tout en mettant le doigt sur le dénuement extrême de l’individu et sur le droit à la dignité. Il illustre également comment des communautés peuvent mettre en place des mécanismes de solidarité, sans intervention financière externe.

Ce documentaire de 26 minutes a été présenté aux étudiants et enseignants de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers le 26 avril 2013. Il a ensuite donné lieu à un débat sur la problématique des indigents dans les pays pauvres notamment africains.

Enseignements du débat

Sans conteste, le film a été apprécié. Il touche à différentes problématiques et nous a amené à discuter de nombreuses questions. Certaines étaient spécifiques au sujet : l’acceptabilité de l’indigent par le personnel de santé, la problématique de la qualité au rabais pour les indigents, la pérennité de la prise en charge des indigents par la communauté, les mécanismes mis en place en cas d’indigence temporaire…

D’autres étaient plus systémiques : la viabilité financière des formations sanitaires, l’efficacité de la participation communautaire et le fonctionnement des COGES, les soins centrés sur le patient, la qualité des soins, la problématique de l’accès aux soins de santé par les populations dans les pays à faible revenu…

Certaines questions, enfin, dépassaient le seul secteur de la santé : l’acceptabilité sociale de l’indigence, la solidarité dans la communauté pour la prise en charge de ses indigents, les enjeux politiques liés au droit à la santé et la lutte contre la pauvreté, la prise en compte des déterminants sociaux de la santé dans les solutions à rechercher pour la prise en charge des indigents, la protection sociale  des indigents au-delà de leurs besoins pour la seule santé…

L’auditoire était international (il rassemblait des participants à différents programmes de cours à l’IMT): les différentes contributions des participants ont souvent été étayées par des références aux expériences dans les pays d’origine (Burundi, Bénin, RDC, Sénégal, Burkina Faso, Maroc, Madagascar, Guinée…). A l’issue de ce débat que nous avons animé, il ressort qu’il est possible au niveau des communautés et partant à plus grande échelle de définir l’indigence, de sélectionner les indigents sur la base de critères consensuels et de les prendre en charge.

Le principal message du film

Selon nous, le principal message du film est toutefois peut-être ailleurs que dans les enjeux techniques: il montre, que même avec peu de moyens, il est possible de mener des actions spécifiques en faveur des plus pauvres, et ce chacun à notre niveau. Il nous rappelle notre dimension humaine, nous fait prendre conscience de la situation que vivent les indigents et nous oblige à nous engager, à mener des actions en faveur des plus pauvres. De fait, l’aide aux indigents ne nécessite pas de grandes révolutions sociales ou politiques, des réformes techniquement complexes. Elle repose sur notre empathie pour les exclus. Si chacun, à son échelle peut faire quelque chose, comme techniciens, nous pouvons aussi lutter pour dépasser l’immobilisme et impulser la dynamique pour asseoir un véritable mécanisme d’assistance sociale pour la prise en charge des indigents. C’est le principal signal lancé par la Déclaration faite à Marrakech en septembre 2012 par les participants de l’atelier sur l’équité dans la couverture sanitaire universelle : comment atteindre les plus pauvres ? 

Par ailleurs, il ne revient pas qu’au secteur de la santé seul de se consacrer à cette question. L’Etat doit se réinvestir dans cette responsabilité qui fait partie de ses prérogatives en impliquant tous les secteurs pour garantir le droit à la santé, le droit à la dignité humaine à tous comme stipulé dans toutes les Constitutions de nos pays.

Nos conseils pour la meilleure exploitation didactique du documentaire

Le film « Ah les indigent ! » est touchant, stimulant et efficace. Le film peut avoir de nombreux usages (y compris comme outil de réflexion plus méthodologique, par exemple sur la recherche-action !) et devrait pouvoir séduire différents types de publics. 

Nos conseils à nos lecteurs qui souhaiteraient exploiter ce film dans le cadre d’un cours, d’un plaidoyer ou d’une réunion de travail autour de l’indigence sont les suivants : (1) après le film, donnez la parole à l’auditoire en leur posant d’abord la question « qu’est-ce qui vous a interpelé, ému ? » - faites jouer l’émotion; (2) ensuite, seulement, abordez les (nombreux) aspects plus techniques ; (3) en général, exploitez l’expérience des gens dans la salle – si vous avez quelqu’un qui a travaillé activement auprès des pauvres (par exemple, un assistant social) veillez à ce qu’il ou elle partage son expérience ; (4) prévoyez une équipe d’au moins 3 personnes pour l’animation : le facilitateur, une personne au tableau pour noter les réflexions et les organiser ; une personne pour faire circuler le micro ; (5) faites une synthèse en dégageant les grands messages à retenir ; (6) invitez chacun à exploiter ce film à son propre niveau.

Nous n’avons pas rencontré de difficultés techniques pour projeter ce film : il vous suffit d’avoir un projecteur, un ordinateur, un système audio et une bonne connexion à internet (vous pouvez aussi télécharger le film, si Media Player est installé sur votre ordinateur). Le film est en partie en langue locale, il existe en version sous-titrée français et anglais.

Voilà, vous êtes fin prêts : qu’allez-vous faire à votre niveau ?

Note:
(1) Le module de cours "gestion des savoirs et décisions politiques" aborde les différentes stratégies pour le meilleur partage des connaissances en santé publique, y compris les média sociaux. Ce cours a été coordonné et développé par les professeurs Bruno Meessen (IMT, Anvers), Valéry Ridde (Université de Montréal) et Christian Daguenais (Université de Montréal). N'hésitez pas à les contacter si le sujet vous interpelle. 



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Comprendre l’échec de l’Initiative de Bamako en matière d’équité : Interview de Valéry Ridde

10/10/2012

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Dans le cadre de notre série sur les 25 ans de l’Initiative de Bamako, nous continuons à explorer la contribution des chercheurs. Cette dernière décennie, un des auteurs francophones les plus engagés et les plus productifs sur la thématique a certainement été Valéry Ridde, chercheur à l’Université de Montréal. Omar Malle Samb interview son professeur.

OS : Vous avez consacré de nombreux travaux à l’Initiative de Bamako. Pouvez-vous nous rappeler les raisons qui vous ont poussé à étudier cette politique publique et les principaux résultats auxquels ont abouti vos investigations ?

VR : J’ai travaillé pendant plusieurs années avec des ONG en Afrique et en Asie en tant qu’intervenant. Toujours, j’ai été confronté à la question de l’inaccessibilité des soins à  cause du paiement direct. Ainsi, lorsque j’ai décidé de changer de carrière et de faire un doctorat en santé communautaire, j’ai voulu prendre le temps de comprendre ce qui se passe réellement. Je ne voulais pas seulement me contenter de refaire le constat de l’échec de l’Initiative de Bamako (IB) dans la prise en compte de l’équité. Cela avait déjà été fait par d’autres, y compris chez les francophones. Je voulais aussi  comprendre les fondements de cet échec. Ainsi, l’objectif principal de ma recherche visait à comprendre pourquoi tout le monde a oublié la question de l’équité dans l’IB. Évidemment, quand je dis « oublier », je veux dire dans la mise en œuvre, car tout le monde sait que cette question était prévue, puisque les créateurs de l’IB avaient bien perçu qu’en généralisant le paiement direct, un ensemble de personnes ne pourrait pas payer. Ainsi, ils avaient envisagé des mesures d’exonération pour ces derniers. C’était le point 7 de la politique. Malheureusement sur le terrain, ce principe n’était mis en place nulle part. Donc je voulais comprendre pourquoi.

Mes recherches m’ont permis d’avancer plusieurs explications. D’abord, je me suis  rendu compte que peu de bailleurs, sinon aucun, n’a incité les États à se préoccuper de cette question. Très peu d’ONG, sinon aucune, ne s’est intéressée à cette question. Sur le terrain, les gens n’étaient nullement au courant de ces mécanismes  d’exemption, ils ne sont pas informés ni formés sur l’équité. Enfin,  arrive ce qu’on appelle  dans le langage des politiques publiques de la « gymnastique verbale ». Les gens disent qu’ils ne  pourront pas identifier les indigents parce qu’ils  ne savent pas qui est indigent ; ou encore que tout le monde est pauvre dans ces contextes et que si on commence à  donner la gratuité, tout le village va se déclarer indigent. Évidemment, tout cela n’est pas fondé empiriquement.

De plus en plus en Afrique, se pose la question de l’application des connaissances issues des recherches. Qu’en est-il vos travaux ?

Une fois que j’ai fini ma thèse de doctorat avec à ma disposition des éléments d’explications de l’absence de prise en compte de l’équité dans l’IB, j’ai décidé avec des collègues du Burkina Faso de tester des approches de sélection des indigents. C’était la meilleure réponse aux acteurs rencontrés  sur le terrain nous disant ne pas savoir comment les identifier. Donc, pour disposer de preuves, nous avons fait plusieurs recherches-action ces dernières années sur les stratégies d’identification et sélection des indigents. Des approches très participatives et communautaires ont été utilisées, mais aussi des approches avec des critères que nous donnions aux infirmiers. L’efficacité de la sélection par voie communautaire a été telle que sur le terrain, tout le monde réclamait son passage à l’échelle du district. Même les infirmiers réclamaient que la sélection sur la base d’une liste des critères soit arrêtée et qu’on passe à une sélection communautaire. Donc au niveau local, on peut dire que nous avons obtenu des effets de transfert et d’application des connaissances. Car aujourd’hui l’expérience est passée à l’échelle de tous les villages d’un district (environ 260 villages), puis elle a été répliquée dans deux autres districts sanitaires du Burkina Faso et du Niger. Maintenant, là où on coince, c’est le passage à l’échelle nationale.  On a du mal à persuader les décideurs d’étendre l’expérience à l’échelle du pays.

En termes de méthodologie, quelle a été votre approche et en quoi vos travaux ont été innovants dans ce domaine ? 

Sur ce domaine, il me semble que j’ai été un des premiers à ma connaissance à utiliser et adapter en Afrique le cadre d’un auteur américain, en l’occurrence Kingdon, qui permet d’analyser la mise en oeuvre des politiques publiques. J’ai aussi utilisé pour une des premières fois en Afrique la méthode du « Concept Mapping » pour comprendre le concept de justice sociale. Aussi, l’expérience de ciblage des indigents a permis de développer des méthodes d’évaluation de l’efficacité et des processus de ciblage qui  peuvent être intéressants à déployer.

Dans un de vos articles, vous dites qu’il faut abolir l’IB. Les promoteurs de l’IB ont dû sursauté en lisant cela. S’agit-il d’une provocation ou d’une conviction ?

Par ce titre, je voulais provoquer. Mais sérieusement, on est dans un constat très clair aujourd’hui. De nombreux pays en Afrique, surtout en Afrique de l’Ouest, sont encore dans un monde de fonctionnement de l’IB avec ce triptyque : paiement direct au point de service avec un partage partiel des coûts, participation communautaire et médicaments essentiels. Or, dans tous ces pays, les taux d’utilisation des services sont ridiculement bas, et ne dépassent jamais les 0,5 consultations curatives par an par habitant. Rappelons-nous que 5 ans après la mise en œuvre de l’IB, ce taux était de 0,3 en 1993 au Bénin et en Guinée, ce qui me paraît loin d’être un succès. En 2010, nous sommes toujours à 0,3 au Bénin, 25 ans après l’IB ! Alors que dans les districts où des expériences ont permis d’abolir le paiement des soins au Mali ou au Burkina Faso par exemple, tout en maintenant les autres volets de l’IB notamment la participation communautaire et les médicaments essentiels, les taux d’utilisation des services sont en 2012 de l’ordre de trois consultations curatives par an et par enfant par exemple. Le système de santé répond enfin aux besoins des enfants, car on sait qu’ils font environ quatre crises de paludisme par an.

Donc, je pense que lorsqu’on enlève un élément du  triptyque de l’IB comme le paiement direct et que l’on conserve la participation communautaire et les médicaments essentiels, on répond enfin aux besoins des populations. Bien évidemment, cette exemption du paiement des soins doit être compensée par un remboursement des coûts, ce qui est bien fait lorsque c’est un projet qui intervient, mais pose souvent plus de problèmes quand il s’agit d’États qui n’organisent pas suffisamment bien  ces politiques d’abolition des paiements. Mais la démonstration a été faite  depuis longtemps que l’abolition du paiement des soins est bénéfique tant pour l’efficacité que pour l’équité. En effet, à ma connaissance, il n’existe aucune preuve qui montre que l’abolition du paiement des soins ne bénéficie pas aux pauvres. Donc le grand défi, pour résumer, est la pérennité financière de ces politiques d’exemption. Malgré l’accumulation des données probantes, on observe une absence de volonté politique de certains États. Cela place leurs autorités en porte-à-faux par rapport à leur propre déclaration – puisque par l’intermédiaire de l’Union Africaine, les chefs d’Etat africains ont recommandé l’exemption du paiement des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes en 2010. On retrouve aussi de la « gymnastique verbale » chez les bailleurs, puisqu’une recommandation similaire été faite par les agences des Nations Unies et de nombreux leaders mondiaux. Il ne reste donc maintenant plus qu’à concrétiser ces déclarations pour que l’anniversaire des 30 ans de l’IB en 2017 soit une réelle occasion de satisfaction.


Vous voulez accéder aux travaux de Valéry Ridde? Un grand nombre de ses articles sont disponibles en accès libre sur internet (via par exemple google scholar). Valéry fait aussi l'effort de publier ses travaux en français et en anglais. Plus récemment, il a collaboré à des projets de films. Vous pouvez retrouver le film "Ah! Les indidents" sur youtube. Un autre film "Payment exception: a step towards universal healthcare", co-produit avec l'ONG Help, est disponible en anglais. Vous pouvez retrouver un rapport du projet "Capitalisation" conduit avec l'ONG Help ici. La synthèse des principaux résultats d’un programme de recherche sur les politiques d’exemption du paiement des soins récemment déployées au Burkina Faso, au Mali et au Niger vient d'être publiée.



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