Financing Health in Africa - Le blog
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Africa Health Forum : investir, avec le secteur privé, dans la santé en Afrique

2/25/2014

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Dans ce billet de blog, Serge Mayaka (Ecole de Santé Publique de Kinshasa et doctorant à l’Université Catholique de Louvain) interviewe Madame Agnès Soucat, Directrice du Département pour le Développement Humain à la Banque Africaine du Développement (BAD) au sujet d’un événement  que la BAD organisera, conjointement avec le Groupe Jeune Afrique, à Genève les 16 et 17 mai 2014 (juste avant l’Assemblée Mondiale de la Santé). Le Forum est conçu comme une plateforme réunissant les décideurs politiques clés et des dirigeants de laboratoires, d’institutions financières et de toutes les industries du secteur de la santé. 

   

Quelle est l'analyse sous-jacente à l'organisation de cette conférence?

L’Afrique connaît de profondes mutations, qui ont toutes une incidence sur la constitution de son capital humain et sur la manière dont les différentes parties prenantes du public et du privé doivent envisager l’investissement dans le secteur de la santé. La démographie en Afrique se caractérise par une population jeune et en croissance rapide ; cela offre des perspectives de croissance très dynamique, à condition d’investir judicieusement dans le capital humain et d’exploiter pleinement les compétences. Sur le plan économique, les pays africains affichent une croissance de 5 % en moyenne pour les dix dernières années et continuent de résister aux crises mondiales. Le secteur privé est plus que jamais présent. Sur le plan technologique, le continent bénéficie de l’évolution de la courbe technologique, avec des avancées spectaculaires dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. À l’horizon 2025, la couverture du réseau de téléphonie mobile sera quasi universelle. Sur le plan politique, la démocratie gagne du terrain en Afrique, et les normes de gouvernance ne cessent de s’améliorer, grâce à la demande accrue de participation citoyenne et de redevabilité, qui a encouragé les réformes démocratiques que nous connaissons et réduit les conflits et les guerres civiles.

Conscients de ces transformations, nous pensons que l’investissement traditionnel dans la santé n’est pas une réponse adaptée. Les défis à relever sont différents. Les acteurs ont changé. Les moyens technologiques à disposition ont également changé. L’offre et la demande de soins ont évolué. Forts de ces constats nous avons conçu le Forum sur la santé en Afrique (Africa Health Forum) comme le premier forum public-privé sur l’économie de la santé en Afrique. Le Forum prend acte des évolutions récentes qui marquent le continent et accorde au secteur privé une place équivalente à celle du public et favorise les interactions entre les deux. Le Forum met en avant quatre thèmes centraux, alignés sur les mutations profondes que connaît le continent, pour orienter l’investissement dans la santé : emploi, gouvernance, nouvelles technologies et financement.  

Pouvez-vous illustrer ce que ce nouveau modèle d’investissement dans la santé pourrait signifier, par exemple pour une agence comme la BAD ?

Il faut opter pour une approche multisectorielle, car les défis du continent dépassent le cadre traditionnel des investissements dans la santé. Par ailleurs, secteurs privé et public doivent apprendre à mieux développer leurs synergies pour des investissements plus efficients dans le secteur de la santé. Dans le cadre de sa nouvelle stratégie de développement du capital humain, la BAD soutiendra les investissements dans la santé à travers trois axes :
  1. Perfectionnement des compétences et de la technologie pour améliorer la compétitivité et les perspectives d’emploi. La BAD soutiendra par exemple le développement du secteur pharmaceutique sur le continent, les partenariats public-privé et le développement des compétences pour assurer une offre de soins de qualité ; 
  2. Promotion de l’efficience et de l’inclusion dans la prestation de services. L’objectif est d’optimiser l’utilisation des ressources financières et de renforcer la responsabilité et la participation citoyenne, en matière de gouvernance, pour fournir des services plus équitables et de meilleure qualité qui correspondent aux choix des citoyens et contribuent à la stabilité de sociétés caractérisées par l’ouverture ; et 
  3. Mise en place de systèmes financiers et sociaux concourant à l’inclusion.

Partant de votre expérience sur les dynamiques actuelles en Afrique, quelles sont, selon vous, les solutions innovantes porteuses pouvant favoriser l’évolution du secteur de la santé en Afrique ?


 Les Etats africains et l’ensemble des acteurs publics et privés doivent se mobiliser pour poursuivre les avancées réalisées mais un nouveau paradigme est nécessaire pour favoriser l’évolution du secteur de la santé. Les Etats africains doivent mobiliser plus de ressources intérieures pour investir dans la santé et le contexte actuel est favorable. Le continent connaît en effet des taux de croissance remarquables permettant d’investir davantage de ressources nationales tout en mettant en place des politiques qui accroissent l’équité et la justice sociale. Les perspectives d’espace budgétaire lié à l’exploitation des ressources naturelles sont aussi prometteuses. Il est également important de souligner que les Etats qui ont fait des progrès en matière de bonne gouvernance, de redevabilité et de transparence dans l’utilisation des ressources pour la santé sont ceux qui obtiennent les meilleurs résultats en matière de réduction de la mortalité. Les Etats africains doivent par ailleurs redoubler d’efforts pour optimiser l’utilisation des ressources investies dans la santé en adéquation avec la Déclaration de Tunis de juillet 2012 sur l’optimisation des ressources, la soutenabilité et la redevabilité dans le secteur de la santé. Ils doivent créer des incitations plus fortes pour une allocation des ressources fondée sur des données probantes et pour des activités à fort impact sur la santé.  

En quoi cela se démarque-t-il de ce qui a déjà été tenté dans le passé ?

Par le passé, les pays africains ont beaucoup compté sur l’aide extérieure pour financer la santé et le rapport de forces doit à présent être rééquilibré grâce au recours à des mécanismes de financement innovants. L’aide décline du fait de la crise financière mondiale et des nouvelles priorités des bailleurs de fonds. Le manque de financement qui en résulte doit être comblé au niveau national et les Etats doivent employer des moyens novateurs pour lever des fonds supplémentaires. De nombreux pays africains analysent par exemple les options de financement durable du VIH et du paludisme, et leurs mécanismes de mise en œuvre. Cela comprend en particulier les bons (Malaria Bonds), les prélèvements sur les transactions bancaires et sur les billets d’avion, les taxes sur l’alcool ou les cigarettes. Les partenariats avec le privé sont évidemment également essentiels.

Justement : pour ce qui est du financement de la santé, quel rôle voyez -vous pour le secteur privé industriel et commercial en Afrique?

Le secteur privé est un élément clé pour relever les défis auxquels le secteur de la santé est actuellement confronté en Afrique. Le secteur privé occupe en Afrique une place importante à tous les niveaux de la prestation de services de santé et son engagement accru pourrait contribuer à améliorer la qualité et l'accessibilité des services, la redevabilité, la création d'emplois et favoriser une croissance économique robuste sur le continent. Le secteur privé a un rôle central à jouer pour tirer parti de la révolution technologique en cours qui offre de nouvelles options pour la gestion, le financement et la prestation des services de santé.

Dans ce cas, une nouvelle vision du secteur de la santé serait nécessaire…

Tout à fait, le secteur de la santé est un secteur productif qui peut fournir environ 1,5 million d’emplois pour les jeunes Africains d’ici à 2020 et contribuer à la croissance économique du continent. A titre d’exemple, le développement de l'industrie pharmaceutique et l’augmentation de la demande en médicaments créent des opportunités pour la recherche & développement, la fabrication, la vente et la distribution de médicaments. Hors du domaine commercial, il existe également de nombreuses opportunités pour le développement de l’entreprenariat social dans le secteur.

Pouvez-vous nous donner plus d’information sur le format du Forum sur la Santé en Afrique ? Comment la dynamique sera-t-elle entretenue après Genève ?

Le Forum sur la Santé en Afrique est destiné aux décideurs du continent africain, qu’ils soient du secteur public ou privé. Il a pour ambition de donner aux décideurs africains les informations et outils dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées qui pourront les aider à mieux investir dans le secteur de la santé, à l’échelle de leur pays ou de leur région.

Le Forum est donc conçu comme une plateforme de networking. Des rendez-vous ‘B2B’ (Business to Business) permettront aux participants de se rencontrer en toute confidentialité, dans des salons dédiés. Un espace d’exposition sera également mis à disposition des sociétés qui souhaitent présenter leurs activités aux participants. Le Forum permettra donc d’entamer des discussions susceptibles de déboucher sur des partenariats.

Par ailleurs, la BAD, comme elle le fait déjà, poursuivra son dialogue régulier avec les gouvernements en mettant en avant les idées, bonnes pratiques et solutions présentées lors du Forum. La BAD sera également à l’écoute des représentants des secteurs public et privé pour envisager des opportunités de collaboration et d’appui à leurs initiatives. Enfin, le Africa Health Forum est conçu comme un rendez-vous régulier ; la seconde édition du Forum permettra de faire le point sur les avancées réalisées et de maintenir le contact avec les participants de la première édition.

 Pour de plus amples informations, je vous invite à consulter le site du forum. 

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Financement Basé sur la Performance et autonomie des formations sanitaires : synthèse d’un débat en ligne

2/20/2014

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Léonard Ntakarutimana

Quelles sont les responsabilités des équipes-cadres de district dans un district sanitaire dans lequel un système de financement basé sur la performance (FBP) a été introduit ? C’est à cette question que Léonard Ntakarutimana (Institut National de Santé Publique, Bujumbura) tente de répondre en prenant appui sur une discussion qui s’est tenue fin août et début septembre 2013 sur le groupe de discussion en ligne de la communauté des pratiques FBP. Une discussion qui a soulevé une certaine passion : au total 19 intervenants et 32 messages (vous pouvez retrouver la discussion dans son intégralité ici). 


Introduction

Le 28 août 2013, j’ai partagé avec les membres de la Communauté des Pratiques FBP un petit texte au travers duquel je m’interrogeais sur les limites du rôle de régulation des équipes cadres de district (ECD) à l’égard des formations sanitaires (FoSa) évoluant dans le cadre d’un système FBP. Mon interrogation partait du constat d’un désaccord entre, d’une part les prestataires d’un centre de santé du Burundi qui estimaient qu’ils avaient le droit d’obtenir la prime à la performance conformément au prescrit du manuel des Procédures de FBP applicables au niveau national, et d’autre part le Médecin Chef de District qui avait imposé une règle « locale » d’octroi de la prime qui était contraire à la directive contenue dans le manuel des procédures FBP.(1)

Abus de pouvoir de l’ECD ? Bonne intention ? Dans mon message à la communauté des experts, je posais la question : « L’excès de régulation exercé sur le fonctionnement des formations sanitaires  pourrait-il constituer un facteur limitant la performance et le développement des formations sanitaires utilisant l’approche FBP »? Je faisais également appel à un partage d’expérience : ce que j’avais observé était-il exceptionnel ou était-ce observé ailleurs en Afrique ? Cette question a suscité un vif débat au sein de la CoP FBP ;  les différents points de vue seront passés en revue dans les lignes qui suivent.(2) Mais d’abord, commençons par situer le débat dans son contexte.


La problématique de l’autonomie de gestion des formations sanitaires

Au sein de la communauté des experts FBP, il existe un large consensus que l’autonomie de gestion des FoSa est un élément clé de la stratégie : elle permet aux gestionnaires des FoSa de prendre des mesures visant à augmenter la production de services de qualité. Mais que devons-nous exactement entendre par cette notion d’autonomie ?

L’encyclopédie Wikipedia nous rappelle qu’étymologiquement, autonomie vient du grec « autos » : soi-même et « nomos » : loi, règle. C’était le droit que les Romains avaient laissé à certaines villes grecques de se gouverner par leurs propres lois. Le dictionnaire Larousse, quant à lui, définit l’autonomie comme étant « une situation d’une collectivité, d’un organisme public dotés de pouvoirs et d’institutions leur permettant de gérer les affaires qui leur sont propres sans interférence du pouvoir central ».

Ça, c’est pour la définition maximaliste. Dans les faits, nos sociétés sont bien régies par tout un écheveau de règles, de lois, en bref, d’institutions. Aucun élément de la société n’est donc totalement autonome. Un hôpital qui s’est vu accordé un statut autonome de gestion devra par exemple respecter le droit du travail, des règles de sécurité, etc. Il va de soi que le Ministère de la Santé va garder des zones d’autorité. De même, la cité grecque qui abusait de son autonomie et trahissait la loyauté attendue par Rome, était rapidement confrontée au courroux des légions romaines. 

Notre première observation est donc bien que l’autonomie est une question de degré. La bonne question est plutôt celle de son contenu exact.

Il est ainsi reconnu par tous les experts FBP que cette autonomie de gestion n’efface pas le rôle régalien de l’Etat qui, à travers le Ministère de la Santé et ses structures déconcentrées et décentralisées (comme les bureaux de district), veille au respect de la politique sectorielle de santé et des normes en matière de prestation de soins.

Le diable est dans les détails : en pratique, la limite entre l’autonomie des FoSa et le contrôle exercé par le MSP n’est pas nette ; et ceci est à l’origine de conflits entre les FoSa et les ECD, tels que celui que j’ai évoqué en début de blog. Ces conflits, s’ils ne sont pas résolus,  peuvent entraîner une démotivation des personnels de santé et mettre en péril la mise en œuvre du FBP. Nous sommes donc face à une ‘zone’ que nous avons laissée jusqu’à présent relativement indéterminée ou que nous avons peu négociée avec les parties concernées: le rôle exact des ECD quand le district accueille un système FBP.


Les points de vue et propositions des membres de la CoP FBP

 Le message original a suscité de nombreuses réactions. Voici un résumé de ces dernières.

Bruno Meessen (Professeur à l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers, Belgique et Facilitateur de la CoP FBP), qui par le passé avait aussi observé un excès de contrôle par une ECD au Burundi, y voit l’indication d’un manque de conscience au niveau des ECD que le FBP marque un changement de paradigme.  Ceci dit, il pense aussi que les experts FBP se trompent quand ils cantonnent les ECD au statut d’un organe de régulation. En plus de la fonction de régulation, il rappelle que les ECD sont censées jouer un rôle-clé dans la coordination du système local de santé, un rôle de leadership dans la réponse aux défis sanitaires émergents ou non prévus par le FBP (ex : une épidémie) et le rôle de renforcement des capacités des personnels des FoSa situées dans leur zone de responsabilité. On notera que la récente conférence organisée par la CoP Prestation des Services de Santé (Dakar 21-23 octobre 2013) a été riche en recommandations à ce niveau (rapport accessible en cliquant ici)

Tout en étant d’accord avec le besoin de davantage d’autonomie des FoSa, Bruno souligne cependant un défi qui reste à relever : celui de faire comprendre à la hiérarchie sanitaire que le système sanitaire sera  plus fort comme un tout lorsque la mission de chaque élément sera mieux définie et que les interférences cesseront. Il prévient qu’il faudra s’armer de patience car un tel changement de paradigme ne se fait pas d’un coup, mais bien progressivement.

Comme solutions, Bruno préconise : poursuivre de la communication sur le changement de paradigme, éviter les conflits d’idéologie, inter-projets ou interpersonnels et montrer qu’il y a de la place pour des ECD fortes.  Pour Bruno, la communauté des experts FBP doit être consciente que l’avancée vers une plus grande autonomie des formations sanitaires publiques en Afrique repose sur ses épaules.


Le point de vue des « modérés »

Joël Arthur Kiendrébéogo (AEDES-Tchad, Médecin et Economiste de la santé) relève que la notion-même de régulation n’est pas forcément comprise par tous de la même façon ; et qu’une certaine confusion persiste au sujet des  termes « autonomie », « contrôle » et « indépendance ». Il pose en outre la question de savoir si tout le monde s’accorde sur l’objet de ce qui doit être régulé. Tout comme Bruno, il pense qu’il est de la responsabilité des experts du FBP de lever toutes ces ambiguïtés.

S’agissant de la notion d’autonomie des FoSa, Joël Arthur en citant Jean Perrot et al. (in « L’incitation à la performance des prestataires de services de soins » ; OMS, 2010), distingue deux courants de pensées : (i) les partisans du néo-libéralisme pur et dur pour lesquels il faut laisser le prestataire de services de santé utiliser les fonds qu’il a reçus comme il l’entend, avec l’hypothèse que c'est lui qui connaît le mieux ses besoins et qu'il saura prendre la meilleure décision quant à l'utilisation des fonds pour améliorer la production de résultats et (ii) les « modérés » qui pensent qu’on ne peut pas se désintéresser de l'utilisation des fonds par les prestataires pour des raisons de redevabilité (car il s'agit généralement d'argent public) ou simplement du fait que cette utilisation est elle-même stratégique pour améliorer la production de résultats ultérieurs. Ils pensent donc qu’il faut s'assurer que les prestataires utiliseront au mieux ces fonds, étant supposé que les FOSA n’ont pas toujours les bonnes stratégies pour améliorer leur performance ou qu'ils ne font pas toujours les meilleures choses.

Joël Arthur compte parmi ces partisans d’un certain interventionnisme de l’Etat. Il justifie sa position pour deux raisons essentielles : (i)  dans beaucoup de situations (pays), les distorsions du marché (situations de monopoles, asymétrie d’information entre différents acteurs du système de santé, capacités très inégales entre les FoSa) sont si importantes que les mécanismes de lois du marché ne peuvent pas fonctionner correctement ; (ii) la bonne gouvernance reste à construire dans de nombreux pays ; et les bonnes pratiques de gestion financière et comptable ne sont pas encore en place.

Joël Arthur conclut en optant pour une autonomie des FOSA dans la définition de leur plan d’action ; la régulation ne devant intervenir que pour s’assurer que les activités définies dans les plans d’action sont conformes à la politique sanitaire nationale et qu’elles sont bien exécutées. Cependant, il relève que le manque criant de personnels compétents dans la plupart de situations constitue une entrave majeure ; et que dans ces conditions, un accompagnement minimum  des FoSa s’impose.

Matar Camara (Spécialiste en Renforcement des Systèmes de Santé, USAID-Sénégal), distingue deux  situations de FoSa.  Dans la première catégorie, les responsables de FoSa prennent des initiatives pour améliorer le cadre de travail ou la couverture ; ils utilisent correctement les ressources du FBP. Ceux-ci n’ont pas besoin d’accompagnement.

Dans la deuxième catégorie de FoSa,  les responsables sont incapables de prendre des initiatives et attendent plutôt qu’on leur donne des directives à exécuter. Dans cette deuxième catégorie,  les FoSa ont besoin d’un accompagnement, d’un éclairage (renforcement des capacités) leur permettant d’élaborer et d’évaluer périodiquement des plans d’actions budgétisés, un préalable à l’atteinte des objectifs.

Cette distinction entre les «  bons » et de « mauvais » élèves parmi les FoSa est soutenue par Michel Muvudi (Spécialiste de Santé Publique, Projet d’appui au PNDS/10ème FED-Union Européenne, RD Congo), qui,  comme Matar, propose une attitude différente à adopter par les ECD selon le cas. Michel rappelle que le district est un ensemble hétérogène qui a besoin de coordination – la mission-même des ECD est de trouver cette harmonie fonctionnelle. A l’endroit des «  mauvais élèves » qui utilisent mal leurs ressources (non-respect des lignes de dépense, malversation, insuffisance en gestion etc.), les ECD qui, selon lui, ont aussi la fonction de contrôle administratif, devront recadrer et corriger les distorsions. En revanche, ce contrôle administratif ne serait pas indiqué à l’endroit des « bons élèves ». Bref, Michel  trouve que quatre éléments essentiels doivent être pris en compte pour mieux aborder la question des limites qui devraient exister entre l’autonomie des FoSa et le contrôle par les ECD : (i) la façon démontrée (positive ou négative) dont les FoSa utilisent leur autonomie, (ii) la redevabilité des FoSa,  (iii) la façon dont les ECD assurent leur rôle de régulation vis-à-vis des FoSa et (iv) la manière dont l’autorité de tutelle fixe et contrôle la ligne séparant l’autonomie des Fosa et la régulation de celles-ci par l’ECD.

Pour que le FBP soit couronné de succès, Michel suggère de former tous  les acteurs  et d’introduire l’approche à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, étant donné que la production des services de qualité dans les FoSa dépend aussi de la manière dont celles-ci  sont encadrées  et  de la qualité de relation qu'elles entretiennent avec la hiérarchie en rapport avec le respect des normes et directives.

Eric Bigirimana (Médecin, Ms Sciences, BREGMANS Consulting & Research, Burundi ; Manager de l'AAP Sud-Ouest Cameroun) revient sur l’idée exprimée par Bruno selon laquelle les différents acteurs du système de santé interprètent différemment les principes véhiculés par le FBP. Par conséquent, il propose de revoir ces principes pour pouvoir dégager  une meilleure orientation. Tout comme Bruno, Eric pense que, si dans le cas du CDS du Burundi rapporté par Léonard,  les ECD agissent de manière directive en mettant en place des règles nouvelles, cela suggère que leurs attributions, leurs rôles et leurs responsabilités dans le montage du FBP ne sont pas clairs. Cela indique peut-être la nécessité d’être plus précis dans le manuel de procédure FBP. Mais cela suggère aussi de vérifier que ce que leur demande le FBP est bien compatible avec les prérogatives déléguées par le MSP aux ECD.  Cette confusion serait le plus souvent constatée dans les pays ayant mis en place le FBP en le focalisant sur les formations sanitaires de première et de deuxième ligne tout en donnant un rôle dérisoire aux ‘régulateurs’aux différents niveaux.

Dans certains pays, nous aurions donc négligé d’accorder aux niveaux intermédiaires leur juste place dans le FBP. Eric n’est pas sûr que détacher ainsi les FoSa de leur relation privilégiée avec les ECD est la bonne stratégie. Cela priverait notamment les FoSa de l’appui et de l’encadrement technique indispensables à l’atteinte d’une performance optimale, surtout lorsque les personnels  des FoSa ont un faible niveau de compétence.  Pour éviter cette situation, Eric soutient l’application du FBP comme un outil qui renforce tout le système sanitaire. Dans cette logique, les principes et les bonnes pratiques de l’approche s’appliqueraient à tous les acteurs du système de santé, les régulateurs y compris.

Enfin, Eric soutient que les ECD doivent veiller au respect des normes sanitaires. Les ECD doivent plus particulièrement s’assurer que les FoSa font des choix de stratégies qui cadrent avec ces normes sans pour autant chercher à se substituer à elles dans leur prise de décision.

Pour ce qui est de la liberté des FoSa à utiliser leurs fonds, Eric pense que les régulateurs doivent agir par un coaching persuasif et donner un appui aux Fosa pour opérer des choix techniquement efficients. Ainsi par exemple, dans tous les investissements réalisés par les FoSa, le régulateur se doit de vérifier si les choix collent avec les normes établies par le Ministère de la Santé en vue de prévenir   des investissements non prioritaires ou qui ne respectent pas les normes sanitaires.

De l’avis d’Eric, « le régulateur doit garder un œil sur les activités des FoSa ainsi que sur les choix qu’elles font dans le but de faire respecter les normes sanitaires et pour apporter un appui technique sur l’élaboration du Business Plan ainsi que sur sa mise en œuvre. Cependant, il ne doit pas chercher à se substituer au personnel de la FoSa lors de la prise de décision ». Cette ligne de pensée rejoint celle des « Modérés » qui avait été exposée par Joël Arthur Kiendrébéogo.
L’idée de redéfinition (clarification) des concepts (fonctions) déjà exprimée par Joël Arthur Kiendrébéogo et Eric Bigirimana est également soutenue par Bemadjingar Pascal (Médecin, Responsable FBR, Tchad). Pour ce dernier les concepts à redéfinir sont entre autres, la régulation, la supervision et l’encadrement. Sans cette clarification, le travail des ECD risquerait de nuire à l’autonomie de gestion des FoSa.


Un point de vue plus néolibéral

Comme vous l’avez sans doute observé par le passé, notre CoP accueille une diversité d’opinions. C’est Jean ClaudeTaptue Fotso (Manager, Agence d’Achat des performances, Littoral - Cameroun) qui s’est lancé pour défendre une ligne plus ‘néo-libérale’.

Il n’est pas d’accord avec l’idée exprimée par Eric selon laquelle les ECD disposeraient de compétences suffisantes pour encadrer les FoSa et les amener à observer les meilleures pratiques du FBP (élaboration des plans d’action, choix des stratégies à utiliser pour produire les résultats, etc.).

 Pour lui, si certaines ECD ne jouent pas suffisamment leur rôle, c’est simplement parce qu’elles ne sont pas bien formées sur le FBP. C’est lors des formations sur le FBP qu’ils prennent connaissance et maîtrisent les principes, les meilleures pratiques et les rôles des différents acteurs du FBP. Pour Jean Claude, les idées des ‘régulateurs’ sont suffisamment prises en compte lorsqu’ils décident des indicateurs à acheter et fixent leurs prix ; pour la mise en œuvre, il pense que c’est aux FoSa de décider.

 Il va plus loin en affirmant que l’ingérence des ECD pourrait même étouffer l’émergence des ‘génies’ parmi les prestataires des CDS, qui sont capables d’offrir des services appréciables pourvu qu’ils soient suffisamment motivés. Il fustige le cas de certains superviseurs du niveau central, moins formés sur le FBP que les acteurs du niveau opérationnel, et dont l’action sur le terrain peut parfois nuire au FBP.  Il souligne également la vision réductionniste de certains acteurs, qui résument le FBP à un simple mécanisme d’allocation des fonds, avant de préciser que le FBP va bien au-delà pour être une véritable réforme. Il soutient la séparation des fonctions et des rôles comme condition au développement harmonieux du FBP et du système de santé. Plus loin, Jean Claude soutient que le rôle des ECD doit également être de veiller au respect des normes de qualité, de gestion administrative et financière par les FoSa, idéalement par une activité de‘coaching’. 

Sa solution: tous les acteurs du FBP (les prestataires, les régulateurs, les financeurs, les décideurs impliqués de près ou de loin) devraient être bien formés sur le FBP (il fait allusion au type de formation de 14 jours souvent organisée ici et là sur le FBP) pour jouer pleinement leur rôle, que ce soit au niveau politique, stratégique ou opérationnel.  Sur ce dernier point, Jean Claude est donc plus consensuel.

S’agissant des manuels de procédures, Jean Claude rejoint l’idée exprimée par Eric pour reconnaitre que ce type de document devrait être bien rédigé de façon à garantir la séparation des fonctions et l’autonomie de gestion des FoSa.

L’idée de former tous les acteurs du FBP est soutenue par Joël Arthur, qui toutefois estime que ce serait simplifier les choses que de penser qu’une bonne formation signifierait «avoir suivi le type de formation de 14 jours sur le FBP » auquel fait allusion Jean Claude.  En outre, il revient sur l’idée d’ajouter l’élément « contexte » (nature et importance des inputs mis en place par chaque pays, processus de production), étant donné que des acteurs même très bien formés sur le FBP pourraient aboutir à de mauvais résultats simplement parce que le contexte dans lequel ils évoluent n’est pas favorable. Dans cette même logique, Joël Arthur ajoute que certaines dispositions des manuels de procédures FBP pourraient justement avoir été mises exprès dans ces  documents pour mieux prendre en compte du contexte dans lequel le FBP est mis en œuvre. 

Joël  Arthur rappelle l’idée souvent émise par différents experts, que le FBP n’est qu’un catalyseur pour le renforcement du système de santé ; mais qu’il ne doit pas être considéré comme une solution miracle à tous les problèmes. En outre, il pense que la mise en œuvre de cette approche devrait être un processus dynamique qui n’obéit pas  à « la loi de tout ou rien » souvent avancée par certains praticiens du FBP selon lesquels « soit on fait du FBP soit on n’en fait pas »

Cette loi du tout ou rien semble cependant soutenue par Jean PierreTsafack (Médecin, Manager AAP Bertoua-Cameroun), qui affirme que « mettre le PBF en œuvre sans maîtriser ses meilleures pratiques c'est faire autre chose et non le PBF ».

Patrice Ngouadjio Kougoum (Médecin, Manager Adjoint AAP Sud-Ouest, Cameroun) soutient la vue que le rôle des ECD ne doit pas rester dérisoire. Il pose la question de savoir comment l’ECD doit jouer pleinement son rôle d’amener les FoSa à être plus performantes. La question se pose plus particulièrement lorsque le ‘génie’ du Chef de la FoSa ne se développe pas ou que la performance (quantitative) des FoSa se développe très rapidement au détriment de la qualité. En outre, Patrice se demande comment l’on pourrait lier la performance des ECD (qui avec certaines grilles, atteint facilement 100%) à celle des FoSa de leurs districts sanitaires. Rena Eichler (Broad Branch, USA) répondra à cette question quelques jours plus tard en donnant un exemple de la Tanzanie (où les primes des ECD sont notamment dépendantes de la performance agrégée des FoSa, mécanisme qui par contre les exclut de la fonction de vérification). Joseph Shu donnera, pour sa part, un exemple de checklist utilisé au Cameroun.

Pour Jean Claude Taptue, l’autonomie des FoSa offre l’occasion à celles-ci de se désigner de bons responsables capables de diriger et de remplacer ceux qui en sont incapables. Face à certaines FoSa dont la performance est mauvaise pour des raisons évoquées par Jean Pierre, Jean Claude estime que ces FoSa peuvent être sanctionnées ; et les sanctions peuvent aller jusqu’à la suspension de leur contrat de performance, et ce jusqu’à ce qu’ils changent de chefs. C’est ce qu’il appelle « associer le bâton et la carotte ». S’agissant de l’évaluation des ECD, il propose d’abandonner les indicateurs de processus des DS pour se focaliser sur les indicateurs de qualité des FoSa de leur zone d’intervention.


Quatre fausses prémisses ?

Eric, revenant sur la position de Jean Claude et d’autres experts du FBP qui, selon lui, défendent l’autonomie « totale » des FoSa pense que leur position part de prémisses qui sont basées sur certaines fausses perceptions.

Première fausse prémisse : Ingérence des ECD dans le travail des Fosa 

Pour Eric, cette vision de ce qu’il appelle « les Puristes » du FBP part d’une fausse perception du rôle que doivent jouer les ECD. Tout partirait de leur vision négative quant au travail des ECD, qualifié d’ « ingérence », pour signifier une entrave ou une perturbation ou même une nuisance au développement des FoSa. C’est cette vision qui conduit à  assimiler la séparation des fonctions ou l’autonomie de gestion à la rupture des liens fonctionnels entre les FoSa et les ECD.

Eric propose à la place une vision selon laquelle les ECD sont là pour faire un travail d’encadrement et de coaching auprès des FoSa en vue de les aider à améliorer leurs prestations. Pour lui, il ne faudrait pas partir du fait que certaines ECD ne s’acquittent pas correctement de leurs tâches pour ignorer le rôle positif des ECD qui jouent correctement le rôle qui est le leur : le coaching persuasif. Eric pense que ce coaching persuasif n’entrave en rien l’inventivité des Fosa. Au contraire, il alimenterait la réflexion au niveau des FoSa en apportant un éclairage sur les dimensions mal maîtrisées par le personnel des FoSa.

Pour Eric, le rôle de coaching des FoSa par les ECD doit être maintenu étant donné que,  lorsque les résultats s’améliorent dans une FoSa, on salue son‘génie’ alors que lorsqu’ils sont mauvais, le réflexe sera de blâmer les équipes des FoSa parce qu’on ne comprend pas les processus sous-jacents aux résultats produits (positifs ou négatifs) au niveau opérationnel, alors que cette faible performance serait probablement la résultante d’un faible niveau de coaching par les ECD.

Répondant à la question posée par Patrice, Eric pense que l’autonomie de gestion prônée par le FBP ne devrait pas rimer avec une totale indépendance des Fosa vis-à-vis des ECD notamment sur les liens fonctionnels. Au contraire, il pense que la rupture fait courir le risque de démembrement, qui entraîne à son tour une fragmentation et une fragilisation du district de santé et de surcroît, la fragilisation du système de santé. Toutefois, ces liens fonctionnels ne signifient pas que l’ECD décide à la place des FoSa ou qu’elle dicte ce que ces dernières doivent faire, d’où Eric revient sur le besoin de définir clairement les attributions des rôles et des responsabilités des uns et des autres dans le cadre du FBP via le manuel des procédures.

Deuxième fausse prémisse : Les prestataires au niveau des Fosa sont les mieux placés pour connaître les besoins des populations et pour trouver des solutions à leurs problèmes

Avec cette prémisse, Eric pense qu’il y a quelque part une exagération, étant donné que les professionnels de santé  évoluant dans la plupart des centres de santé et des hôpitaux de district en Afrique seraient formés sur la prestation des soins cliniques (à quelques différences près entre pays). Leur cursus a en fait promus une « vision biomédicale de la santé » directement liée aux activités qu’ils feront dans les FoSa. Eric estime que dans ce type de formation, des aspects  importants de santé publique ne sont pas ou sont très peu développés. Il pense notamment aux aspects psycho-sociaux de la santé qui permettent de bien comprendre les enjeux de santé au niveau communautaire. Ceci suggère que les ECD (les seules supposées avoir des compétences techniques suffisantes en la matière) doivent encadrer les FoSa.

Troisième fausse prémisse : lorsque les indicateurs ne s’améliorent pas, il faut augmenter leurs coûts unitaires pour qu’ils décollent 

Pour Eric, cette prémisse est fondée sur la croyance que l’argent est le seul facteur motivant, ce qui n’est pas vrai. Si l’incitatif financier est l’un parmi les plus importants notamment dans les pays à faibles revenus, il serait loin d’être le seul dans les secteurs sociaux comme la santé où certaines valeurs sociales sont très fortes. Et il ajoute : « Penser qu’agir uniquement sur le levier des incitatifs financiers suffira c’est méconnaître les déterminants socio-comportementaux des professionnels de la santé quelque soit le pays où vous appliquez le FBP ». Basile Keugoung (éditeur de la lettre Politiques Internationales de Santé, Cameroun) soutient un argument analogue.

Quatrième fausse prémisse :   L’autonomie de gestion signifierait pour « les puristes »,   une totale indépendance entre différents acteurs

Ici également Eric pense que c’est une mauvaise interprétation  porteuse de risques pour le système de santé. Cette mauvaise interprétation aurait également un impact sur l’interprétation de la séparation des fonctions. Il rappelle que le rôle des ECD auprès des FoSa est indispensable, notamment pour s’assurer de l’élaboration des plans d’action de qualité et de leur mise en œuvre, la bonne utilisation de l’outil d’indice, la supervision, la gestion et l’analyse des données des FoSa de son aire de responsabilité.


La discussion s’est clôturée, avec des contributions de Christine Ename, Bruno Meessen, Michel Muvudi et Jean Claude Taptue sur la fonction du coaching, une fonction-clé oubliée dans la conceptualisation du FBP. Dans son partage d’expérience, Michel détaille avec clarté les trois grands enjeux d’un bon coaching : les aptitudes du coach, la méthodologie du coaching et une bonne compréhension des caractéristiques du groupe-cible du coaching.    

Le mot de la fin reviendra à Joël Arthur qui recommande que le FBP soit intégré dans le curriculum de formations initiales des personnels de santé en Afrique. Ce serait certainement la meilleure façon d’assurer la transition entre paradigmes !



Synthèse de la discussion

Notre sujet a suscité un large intérêt auprès des experts et praticiens, cela indique que la problématique est perçue comme importante. Les différentes contributions permettent de dégager les principales leçons suivantes :

1.    Le FBP est une approche reconnue comme innovante dans le financement de la santé. Loin d’être une simple allocation des fonds, il est une véritable réforme du secteur de la santé. A ce titre, il redessine la carte des responsabilités dans le système de santé, y compris au niveau décentralisé.

La communauté FBP a identifié un corpus de principes. Certains ont été rapidement énoncés et leur contenu exact est resté en partie indéterminé ou insuffisamment négocié avec les parties concernées. C’est le cas de l’autonomie des FoSa, en particulier dans leur relation aux ECD. Celles-ci étant parfois bien installées dans leurs rôles et prérogatives, peuvent entraver le développement du FBP, à tort ou à raison.

2.     Il ressort de notre discussion qu’il y a débat sur le degré d’autonomie à conférer aux FoSa vis-à-vis de leur ECD.

Certains experts tiennent à la responsabilisation des ECD, notamment dans l’accompagnement des FoSa. Leurs principaux arguments sont : (i) les districts sont des ensembles hétérogènes ; la responsabilité des ECD est d’organiser le système local de santé ; en découle une coresponsabilité dans la performance relative des FOSA de leur zone d’intervention que ce soit sur le plan qualitatif que quantitatif ;  (ii) les FoSa n’ont pas des capacités de production, de gestion ou d’innovation identiques; les moins performantes ont besoin d’un renforcement des capacités et d’un coaching ; (iii) les FoSa utilisent les fonds publics qui doivent être bien gérés en tenant compte de la politique sectorielle du Ministère de la santé et de leur plan d’action ; (iv) les prestataires des FoSa du niveau opérationnel en Afrique ont généralement un faible niveau de connaissance sur différents aspects de la santé publique ; ils ont besoin d’une guidance de proximité à cet égard. Les experts de ce courant sont aussi soucieux de développer des solutions en phase avec le contexte et se méfient d’une pensée FBP standard qui deviendrait trop idéologique. Ils prônent ainsi une implication des ECD ‘sur mesure’ : minimale si la FoSa est performante, proactive si la FoSa est défaillante. Ils rappellent que l’incitant financier, quoique très important, n’est pas le seul déterminant de la performance des prestataires; il est donc important d’utiliser les mécanismes dont disposent les ECD. La séniorité et l’expérience de ses membres (dans la mesure où il en est bien ainsi) sont un vrai atout à exploiter.

Un autre courant veut jouer de façon plus radicale la carte de l’autonomie des FoSa. Les experts de ce courant ont foi dans les lois du marché. Ils expriment un certain doute sur les capacités des ECD elles-mêmes. Ils pensent aussi qu’il ne faut pas essayer de remédier à tout de façon paternaliste; il faut ainsi accepter que le destin d’un manager incapable d’améliorer la performance de sa FoSa est peut-être de se faire remplacer.

                                                                                                                   
Notre proposition

Notre responsabilité n’est pas de départager ces deux courants. Notre avis est que c’est à chaque expert, face à une situation donnée, à déterminer la voie pertinente. Voici des points d’action qui nous semblent toutefois pouvoir rassembler un large soutien au sein de la CoP :                                                   

Le FBP marque un changement de paradigme : il prône une redéfinition et un recadrage des rôles et responsabilités des différents acteurs et à tous les niveaux, y compris au niveau du district de santé. Le niveau central du Ministère de la Santé doit être conscient de cette évolution et l’accompagner, notamment en donnant des directives pour prévenir les interférences intempestives par les ECD.

Du côté des acteurs mettant en œuvre le FBP, on peut sans doute prévenir un ‘rejet de la greffe’ en ayant une démarche proactive à destination des ECD.

Celle-ci peut consister en :

1.    Assurer que la formation d’initiation au FBP se fasse bien à destination de tous les acteurs de mise en œuvre, à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, y compris les ECD. A terme, elle devrait être intégrée dans le curriculum de formation initiale du personnel de santé.  

2.    Discuter avec les ECD de leur rôle dans un système FBP, en particulier les fonctions dont ils sont premiers responsables. Il est important en effet de noter que le FBP a des attentes positives vis-à-vis des ECD : c’est à elles par exemple de veiller à ce que les FoSa prennent en compte les politiques et directives du Ministère de la Santé dans l’élaboration de leurs plans d’action. Les ECD peuvent aussi être sollicitées pour la vérification, etc.

3.    Il faut aussi avoir un dialogue sur les fonctions qu’ils assumaient précédemment (en distinguant peut-être celles qui étaient plus théoriques que réelles) et identifier les implications possibles de certaines recommandations du FBP (comme l’autonomie des FoSa) sur leurs prérogatives.

4.    Il faut aussi essayer d’intégrer les ECD dans les mécanismes d’incitation à la performance, en développant des batteries d’indicateurs capturant leurs fonctions principales.

5.    En général, il faut promouvoir une collaboration constructive entre les prestataires (FoSa), les ECD et l’agence d’achat; celle-ci passe par un dialogue inclusif dès la conception. Le principal objectif de ce dialogue doit être de clarifier d’une part le contenu exact de notions comme l’autonomie, la supervision ou la régulation et d’autre part, de préciser qui assumera certaines fonctions importantes du système local de santé : la formation continue, le coaching, etc. Cette clarification doit être intégrée dans le manuel de procédures.  Mais au préalable, il est important de bien comprendre les mécanismes garantissant une pleine efficacité de ces fonctions (cf. les contributions relatives au coaching). 

6.    Comme débattu et décidé à Dakar, il est temps de renouveler la vision du district de santé. Les ECD doivent réinventer leur rôle en établissant leur influence sur leur capacité à guider et conseiller, bien plus que sur leur autorité. 



Notes :

(1)    La règle locale était qu’un CDS ne pouvait accéder à la prime FBP que s’il avait une réserve en banque d’au moins trente millions de francs burundais, soit environ vingt mille dollars américains ; tandis que le manuel des procédures FBP conditionnait l’octroi de cette prime à l’existence d’un bénéfice, c’est-à-dire  des recettes du mois supérieures aux prévisions de dépenses du mois suivant ; et à l’existence des fonds permettant de couvrir au moins 60 jours de fonctionnement, stock de médicaments exclu.

(2)    Par obligation de synthèse, nous avons sélectionné certaines des interventions plus emblématiques. Nous vous renvoyons à la transcription intégrale de la discussion pour l’ensemble des contributions.


 


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Bamako Initiative: some concluding thoughts

2/12/2014

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Jean-Benoît Falisse

It will soon be 27 years that the Bamako Initiative was launched and community participation became a core component of health policy in Africa. Through eight interviews, one personal reflection, and your many comments in French and English, what was once the "magic bullet" of community participation turned out to be a complex topic. The debate is certainly not closed but this blog post series is coming to an end. Here is my own (subjective) conclusion; it brings more questions than answers. 


First of all, the series has put the Bamako Initiative in the continuum of International Health (“global health” we would say today) strategies and policies. The inspiration of the Bamako Initiative seemed a little blurry at first, somewhere between the Chinese barefoot doctors and the 1977 Alma-Ata Conference on Primary Health Care. However, the interview with Walter Kessler shows us how, in the early 1980s, Doctors Without Borders had already set up experimental health committees in Chad and Mali. They would soon inspire the Bamako Initiative. Susan Rifkin and Agostino Paganini explain the relative success of the initiative in its early years, with the involvement of UNICEF in the field and under charismatic and dynamic leadership of the duo formed by Dr. Mahler (WHO) and Mr. Grant (UNICEF). As already foreshadowed by Doctors Without Borders' experience with the health stores in the 1980s, the type of community participation advocated at the Bamako conference came along with the introduction of user fees, which states justified by their inability to pay for everything because of the debt crisis. From its inception, the Bamako Initiative had two faces, which even this series that focused on community participation has not been able to totally disjoint. On the one hand, there is community empowerment and self-management; and on the other hand, there is a more expensive access to care. The question that still arises today, which is answered in the negative by Sophie Witter, is whether it makes sense to continue to link the two?

The Bamako version of community participation -with the health committee as a central mechanism- spread like wildfire in Africa. However, the local context was often neglected, and strategies that worked well in some places worked much less so in others. There is no one size fits all, as illustrated by the contrasting experiences of the DRC where the idea of participation was easily accepted, and neighbouring Uganda where the principle of community health management was going against traditional governance. Once past the initial enthusiasm, community participation initiatives, especially when their support by states or international organisations was discontinued, portended a disengagement of the states vis-à-vis the health of their populations. Community participation cannot be imposed. However, to carry on the idea of "health for all", humanize relationships to health-care services, and develop non-technocratic and holistic approaches to health-care, direct and deep community participation remains a promising track. It is in this spirit that the third recommendation of the recent Dakar Conference proposes to strengthen the capacity of the community to make it a “real partner for the analysis of its health problems, and the planning, implementation and evaluation of health interventions.”

As I write this post, the Bamako Initiative is dead. It has been so for a long time already. Its user fees component is roundly criticized. Its (resource-intensive) community participation component, which has often been hijacked by politicians and was much slower than expected to yield visible impacts, has not been the panacea the global health community once thought it would be. Nevertheless, the idea of ​​giving people a more central place in their health-care system continues to live on. In different parts of the globe, new forms of social accountability and direct involvement of citizens in their own health are taking place. In order to work, these must take greater account of local situations and be of direct interest to the people who are getting involved. The community needs to see an interest in participating. This is basically what the IRC officials, who implemented the Tuungane programme, which generalized a participatory approach to rebuilding communities (and their health services) in Eastern DR Congo, and Dr. Canut of Burundi, who explained how community health workers can become important parts of the health system if they are given incentives, were saying. Community participation cannot be improvised; the example of the ASACO in Mali shows that continued investment and a solid organization are needed to sustain community participation. Once past the naive vision of the community that would ex nihilo organise itself for better health-care, the challenge seems to find ways to encourage and induce participation and maintain it without manipulating it.

In this context, research about community participation still seems in its infancy. More studies are needed and they will probably need to use mixed methods in order to reach conclusions that go beyond the description of cases. It is essential to better understand the link between health facilities and their users. How can we build people's participation? How does it lead (or not) to health improvements? If the process is not linear, how should we report about it? 27 years after the Bamako Initiative, we still know very little about the impact of community participation strategies on health and access to health; especially compared to recent and less recent studies on other major global strategies such as (community-based) health insurance, performance based financing, or fee exemption.

The elephant in the room of this series is the question of power. Community participation is fundamentally about power, which is often disputed among medical staffs, medical authorities, and the population (and within the population itself). Community participation (in health) is not limited to questions that are strictly medical. The Malian adventure, the timing of the set-up of community participation mechanisms in Uganda, or the ASACO system in Mali remind us that participation is political. It is a question of governance. If this were not the case, if the dimension of power was removed from community participation, what we would observe is a pastiche of participation, an empty shell that would quickly lose its appeal. Rather than continuing to avoid the issue of power and call community participation a strictly "technical” question, it is essential to recognize that participation involves the redistribution of power and decisions on the organization and definition of health-care services.

Finally, this series reminds us that there is no magic bullet in international public health. Just like performance-based financing, fee exemption, and all the other ‘grand strategies’ in global health, community participation in itself is not sufficient to achieve health for all. The concept needs to take account of field realities and adapt, and even then, it remains only one element to be combined with other strategies to respond to the many different issues of quality universal health care.


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Initiative de Bamako: quelques réflexions pour clôturer notre série

2/10/2014

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Jean-Benoît Falisse

Cela fera bientôt 27 ans que l'Initiative de Bamako a été lancée et que la participation communautaire est entrée au cœur des politiques de santé en Afrique. Au travers de huit interviews, d’une réflexion personnelle, et surtout de vos nombreux commentaires, en français comme en anglais, nous avons pu apercevoir la complexité de ce qui un jour fut la « solution miracle » de la participation communautaire. Le débat n’est certainement pas clos mais la série touche à sa fin et je me livre donc à l’exercice un peu périlleux d’en faire une synthèse très subjective, qui comme souvent, apporte plus de questions que de réponses.

Tout d’abord, notre série a permis de replacer l’Initiative de Bamako dans le continuum des stratégies et politiques de santé internationale (global health dirions-nous aujourd’hui). Les sources d’inspiration de Bamako sont, de prime abord, un peu floues, quelque part entre les « médecins aux pieds nus » chinois et la conférence d'Alma-Ata sur les soins de santé primaires en 1977. Cependant, l’interview de Walter Kessler nous montre comment au début des années 1980, Médecins Sans Frontières a mis en place, au Mali et ultérieurement au Tcad, des initiatives qui ont inspiré Bamako et lancé les premiers comités de santé. Susan Rifkin et Agostino Paganini expliquent le relatif succès de l’initiative à ses débuts, grâce à l’implication de terrain de l’UNICEF et au leadership charismatique et dynamique du duo de têtes formées par le Docteur Mahler (OMS) et Mr. Grant (UNICEF). Comme le préfigure déjà l’expérience de MSF avec les magasins de santé dans les années 1980, la participation prônée par Bamako s’inscrit dès le début en parallèle avec l’introduction du recouvrement des coûts, que les Etats justifient par la crise de la dette. Dès ses origines, l'Initiative de Bamako revêt donc une double facette dont même cette série, se focalisant pourtant exclusivement sur les aspects de participation communautaire, n'aura pu se défaire. Côté pile, il y a l'émancipation des communautés et leur auto-prise en charge, et côté face, il y a un accès « plus cher » aux soins. La question, qui se pose toujours aujourd'hui, et qui est répondue par la négative par Sophie Witter, est de savoir s’il y a un sens à continuer à lier les deux.

Une fois sortie de ses origines malienne, la participation communautaire version Bamako, avec le comité de santé comme mécanisme central, se répand comme une trainée de poudre en Afrique. Cependant, le contexte est très souvent négligé, et des stratégies qui marchent à certains endroits fonctionnent nettement moins bien à d’autres. Il n’y a pas de taille unique, comme l’illustrent les expériences de RDC, où le principe passe bien, et de l’Ouganda voisin, où le principe de gestion communautaire de la santé va à contre-courant des pratiques traditionnelles. Une fois passé l’enthousiasme initial, les initiatives de participation communautaire, qui sont de moins en moins soutenues par les Etats, éveillent la désagréable suspicion d'un désengagement des Etats vis-à-vis de de la santé de leurs populations. La participation communautaire ne s’impose pas. Néanmoins, pour rester dans l’esprit de la « santé pour tous », humaniser les rapports à la santé et développer des systèmes non-technocratiques dans lesquels la santé est comprise de façon globale, la prise en main par la communauté elle-même reste une piste prometteuse. C’est d’ailleurs dans cet esprit que la troisième recommandation de la récente conférence de Dakar parle de renforcer les capacités de la population pour en faire un « véritable partenaire pour l’analyse de ses problèmes de santé, et pour la planification, l’exécution et l’évaluation des interventions de santé ».

Au moment d’écrire ce billet, l'Initiative de Bamako est bel et bien morte. Et depuis longtemps. Le volet recouvrement des soins est allègrement critiqué. Le volet participation communautaire, plus gourmand en ressources, facilement détourné à des fins politiciennes, et aux effets moins rapides et directs que prévus, n’a pas non plus été la solution miracle attendue. Néanmoins, l’idée de rendre aux populations une place plus centrale dans leurs soins continue à vivre. En différents endroits du globe, de nouvelles formes de redevabilité des prestataires de santé par rapport à leurs usagers et d’implication directe des citoyens dans leur santé, se mettent en place. Pour fonctionner, elles doivent davantage tenir compte des situations locales et être intéressantes pour les populations qui participent ; la communauté a besoin de voir son intérêt à s’impliquer. C'est en somme ce que nous disent les responsables du projet Tuungane d’IRC, qui a généralisé une approche participative pour reconstruire les communautés (et leurs services de santé) dans l’Est de la RDC, et le Dr. Canut du Burundi qui nous montre comment les agents de santé communautaires peuvent devenir d’importants auxiliaires du système de santé, si ils sont correctement incités. La participation communautaire ne s’improvise pas, l’exemple des ASACO du Mali nous montre qu’un investissement soutenu et une solide organisation sont nécessaires pour faire perdurer le système. Une fois dépassée la vision naïve qu'on pourrait avoir de la communauté (cette dernière va, ex nihilo, subitement s’organiser pour améliorer sa santé), le défi semble être de favoriser la participation en trouvant des façons de l’induire et de la maintenir, sans pour autant la manipuler.

Dans cette optique, la recherche est toujours balbutiante et plus d’études sont nécessaires, probablement en utilisant des méthodes mixtes qui vont au-delà de la simple étude de cas. Il est essentiel de mieux comprendre le lien entre les structures de santé et leurs usagers. Comment se construit la participation des populations? Comment mène-t-elle (ou non) à une amélioration de leur santé? Si le processus n’est pas linéaire, comment en rendre compte? Vingt-sept ans après l'Initiative de Bamako, nous en savons toujours très peu sur l’impact des stratégies de participation communautaire sur la santé et l’accès à la santé des populations ; surtout en comparaison aux études sur d’autres grandes stratégies de global health comme les mutuelles, le financement basé sur la performance, ou encore la gratuité.

L'éléphant dans la salle de cette série, c'est la question du pouvoir. La participation communautaire est fondamentalement une question de pouvoir, disputé entre staff médical, autorités médicale et population, ou au sein de la population elle-même. Elle ne se limite pas non plus au strict cadre médical. L'aventure malienne, la chronologie de la mise en place des mécanismes de participation communautaire en Ouganda, ou le système ASACO nous rappellent que la participation est ‘politique’, dans le sens de la gestion des affaires publiques. Si ce n’était plus le cas, si la dimension de pouvoir était retirée de la participation communautaire, nous n’aurions plus à faire qu’à un pastiche de participation, une coquille vide qui perdrait rapidement de son intérêt. Plutôt que de continuer à éluder la question du pouvoir et d’habiller la participation communautaire des habits d’une question « technique », il est essentiel de reconnaitre que la question de la participation est fondamentalement celle de la redistribution du pouvoir et des prises de décisions sur l’organisation et les orientations des soins de santé.

Finalement, cette série nous rappelle qu’il n’y a pas de stratégie miracle en santé publique internationale. Comme le financement basé sur la performance, comme la gratuité des soins, et comme toutes les grandes stratégies de global health, la participation communautaire ne peut suffire, à elle seule, à atteindre la santé pour tous. D’abord parce que l’idée doit muter au contact du terrain et ensuite parce qu’elle n’est qu’un élément, qui répond à une partie des questions, et qui doit s’articuler à d’autres stratégies qui répondent à d’autres questions. 


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Results-Based Financing: going from scheme to system – a research program in the making

2/6/2014

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The Alliance for Health Policy & Systems Research, a global partnership hosted within WHO, is about to launch a new implementation research programme focused on results-based-financing (RBF). A few experts of the Performance Based Financing Community of Practice (CoP PBF) attended a preparatory meeting in Geneva on 23-24 January. In this blog post, they report on the two-day event.

 The Alliance for Health Policy & Systems Research is known for its commitment to enhancing the dialogue between researchers and research users, policy makers in particular, in developing countries. As readers of this website know, the Harmonization for Health in Africa communities of practice fully embrace this agenda. Late December, several of us were contacted by Joe Kutzin (WHO, Geneva - Department of Health Systems Governance and Financing) and Nhan Tran (Alliance) to join them, together with other RBF and provider payment reform experts, for a consultation meeting to prepare a new call dedicated to implementation research on RBF. Olivier Basenya, Por Ir, Bruno Meessen and Laurent Musango made the trip to Geneva.

Participants were asked to assist the Alliance in identifying main implementation research questions related to the scale up and integration of RBF initiatives into national health systems and policies, and in identifying priority countries where such research would have a greater impact. After two days of intense interactive deliberations, it was decided that the research program will focus on the enabling factors and barriers for RBF (pilot) schemes to be scaled up and integrated into national health systems and  policies, taking into account RBF design features and implementation process, health systems characteristics, and socio-economic and political context. We agreed that the importance (extent) of the scaling-up and integration would  be assessed on several dimensions such as population and service coverage, institutionalization, financial integration in the public budget and so on. While some countries have been relatively successful in making progress on this multidimensional scale, others have been encountering quite serious obstacles in doing so.We are hopeful that this research program will bring interesting insights into how one needs to successfully navigate the policy process, combining efficiency with ownership and a sufficiently inclusive process, with the aim of strengthening health system and moving towards Universal Health Coverage (UHC). We know from previous meetings that national PBF champions are looking for guidance in this respect.

All participants made relevant contributions, with some as delicate as the tiny paper cranes produced by Professor Winnie Yip from Oxford University (picture illustrating this blog post). Others (like ourselves),  conveyed their message in a more straightforward way. One of the things we emphasized was that it’s vital to ensure that the research process involves country health authorities in such a way that it allows them to reflect on the extent to which they have actually achieved health systems strengthening via the integration/scale up of their pilot schemes – a shift from scheme to system and policy.

Interestingly enough, the research program will not have a purely instrumental aim. Eligibility criteria will also allow applications by research teams willing to document processes which were wrong from the start, e.g. a pilot project with insufficient or no (government) ownership,  or one that failed to be scaled up. It was suggested that the research areas should be a mixture of countries that have advanced in RBF implementation at national level, countries in pilot experiences phase and some others with a demand side component. 

The planning of the Alliance is ambitious. We expect the call to come out soon, so keep an eye on their website (ourselves, we will of course inform CoP experts through our online forum). We hope that many of you will apply and submit letters of intention as this is a research program fully in line with priorities pursued by the PBF CoP.


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