Le marché de l’expertise est un marché compétitif. Dans ce billet de blog, Bruno Meessen partage son expérience et donne quelques conseils sur comment se démarquer pour augmenter les chances de décrocher le boulot de ses rêves. Bonne nouvelle : la future plateforme des Communautés de Pratique (CoPs) devrait vous aider à cet égard.
Chaque année, au mois de février, les enseignants de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers sont invités à dépouiller les dossiers de candidature pour le Master de Santé Publique (qui débute en septembre). C’est un processus auquel je participe avec le vrai souci de choisir les candidats les plus susceptibles d’avoir un impact dans leur propre pays.
Cette fois-ci encore, j’ai été frappé de constater combien certains candidats peinaient à signaler leurs compétences. Bien sûr nous lisons attentivement le formulaire standard de candidature, les curriculum vitae et les lettres de recommandation ; mais trop de candidats ne parviennent pas à se distinguer de leurs concurrents. Peut-être ces candidats avaient-ils un vrai potentiel, mais dans les situations de doute, la vérité est simple : lors du classement final, ils seront dépassés par ceux qui ont réussi à émerger parce que leur dossier envoyait un signal clair sur leur potentiel.
La théorie du signal
Permettez-moi un petit détour par les sciences économiques… Dans de nombreuses situations de marché, existe ce que les économistes appellent une asymétrie d’information : la partie vendeuse en sait plus que la partie acheteuse sur la qualité du bien. Ceci génère un vrai risque d’inefficience : si vous êtes, par exemple, une firme cherchant à recruter un consultant, comment vous assurer que ce consultant est l’expert qu’il prétend être et mérite le prix qu’il réclame ? Si le doute est trop grand, la transaction parfois ne se fait pas ; le marché est en échec.
Les économistes ont mis en exergue que les vendeurs de bien ou service de bonne qualité vont émettre des signaux sur les mérites de leur production. Ils veilleront ainsi à se démarquer des vendeurs de bien ou service d’une gamme inférieure. C’est pour cela que les firmes s’imposent de passer par des processus de certification type ISO… et que les médecins aiment mettre leur diplôme au mur !
Depuis une dizaine d’années, je m’applique à aider les jeunes experts prometteurs à émerger (je ne fais que rendre ce que j’ai moi-même reçu de mes aînés). Un des conseils systématiques que je leur donne est de consacrer du temps non seulement à acquérir des compétences, mais aussi à produire des signaux sur leur propre valeur. J’insiste notamment sur le fait qu’ils doivent s’impliquer dans des activités à haut potentiel de visibilité, même sans rémunération à la clé (ex . contribuer dans une discussion en ligne, rédiger un blog, produire un article, intervenir dans une conférence). Si votre contribution est de qualité, vous serez remarqués et des propositions vous seront faites.
Elément neuf : si vous contribuez sur une plateforme internet ouverte (comme notre blog Health Financing in Africa par exemple), vous laissez une trace ‘publique’. Personnellement, j’en fais bon usage : désormais, quand j’écris une lettre de recommandation pour l’un d’entre vous (qui souhaite par exemple décrocher une bourse doctorale), je veille à parsemer la lettre de liens internet pour prouver son engagement en faveur du partage de connaissances entre pairs : je renvoie aux blogs qu’il a écrits, aux conférences qu’il a co-organisées… C’était un exercice assez aisé pour Isidore Sieleunou qui briguait récemment (et a obtenu) une bourse d’entrée pour un doctorat à l’Université de Montréal (pourquoi ne pas viser une excellente université quand on a démontré une disposition remarquable ?).
On veut vous aider
Au fil de ces cinq années d’activités avec les CoPs, nous avons noté qu’un trop grand nombre d’entre vous êtes trop discrets sur nos différentes plateformes. Nous respectons ce choix, mais nous suspectons que pour certains d’entre vous, cette stratégie est sous-optimale : vous avez des talents, mais investissez trop peu dans le signalement de ces derniers. Cette timidité vous coûtera peut-être votre place pour un Master, une opportunité professionnelle ou la chance de faire un doctorat.
Avec les équipes de facilitation des CoPs, nous avons envie de vous bousculer un peu. Nous avons décidé de multiplier les opportunités pour ceux d’entre vous qui ont envie d’émerger. La stratégie de développement des projets collaboratifs s’inscrit dans cette logique. Plus que jamais, ce sera à vous de saisir votre chance ! Mais nous allons même essayer d’aller plus loin : notre ambition est d’investir dans la mesure de la performance que vous aurez démontrée dans le cadre de nos projets collaboratifs. Ainsi dans un futur ultérieur, il vous sera possible de vous prévaloir de vos réalisations, notamment dans votre curriculum vitae.
Il va nous falloir un certain temps pour monter ce système de mesure de vos performances (il y a quelques éléments technologiques à mettre en place !), mais nous avons déjà décidé que nous ferons de notre mieux pour que les tâches accomplies dans le cadre des projets collaboratifs lancés ces prochaines semaines puissent être valorisées, d’une façon ou d’une autre, dans notre système. Nous sommes ambitieux, à vous de l’être tout autant !